relectures des membres CCC en vue des forums de l’université d’été

Les ateliers doivent avoir une place privilégiée lors de la prochaine Université d’été de la CVX au Hautmont fin août prochain.
Afin de pouvoir préparer les forums que chacun animera, il a été demandé à chaque membre des ateliers de faire l’exercice d’une relecture personnelle et plus communautaire.
Vous pourrez lire plus bas les témoignages des membres CCC qui ont bien voulu participer à cette démarche. Merci à eux !

Contributions par les relectures :

1) quels sont les appels du monde qui vous ont mis en marche ?

*ce qui m’a mis en marche c’est d’abord les sommets de la terre (mais cela restait lointain et inaccessible à mon niveau).
Et c’est clairement la lettre des évêques à l’occasion de l’année jubilaire de 2000 : quand j’ai lu au début de l’année cette plaquette sur le respect de la création, je me suis dit que si les évêques pensaient comme moi je pouvais me lancer. Etant nouvellement informatisée, j’ai envoyé (comme une bouteille à la mer) un mail à CVX national demandant s’il se trouvait des CVX réceptifs au message et le 25 mars Monica Sander, alors SG, m’a dit de contacter Philippe Vachette... Voilà comment a commencé cette belle histoire !
Janine

*Les inégalités devant l’emploi, le chômage, et la dégradation de notre environnement, le non respect des choses - et des hommes et de la nature. Arnaud

2) qu’est-ce qui touche votre atelier dans les deux passages des PG rappelés ci-dessous ?

« En nous rendant attentifs aux signes des temps et aux motions de l’Esprit, nous serons plus aptes à rencontrer le Christ en tout homme et en toute situation. » (extrait du PG6) « Notre but est de devenir des chrétiens engagés, en portant témoignage des valeurs humaines et évangéliques qui, dans l’Église et la société, touchent à la dignité de la personne, au bien-être de la vie familiale et à l’intégrité de la création. Nous sommes particulièrement conscients du besoin urgent de travailler pour la justice par une option préférentielle pour les pauvres et un style de vie simple qui exprime notre liberté et notre solidarité avec eux. » (extrait du PG 4)

*C’est clairement l’intégrité de la création, l’option préférentielle pour les pauvres et le style de vie simple (ces 3 points plutôt en ordre décroissant, puisque c’est le dernier point qui nous occupe le plus depuis quelques mois).
Janine

*l’attention à la situation concrète des hommes dans la société, la présence de dieu dans la nature. Arnaud

3) après la mise en marche, qu’avez-vous perçu en chemin ? Quels grands enjeux, difficultés, appels du monde ?

*d’abord une grande reconnaissance pour ceux qui se sont impliqués à fond dans le sujet : le "noyau dur" fait de membres compétents, engagés, moteurs car ils m’ont fait avancer à grands pas dans le sujet (qui m’était plutôt intuitif qu’explicite à l’origine).
Chaque rencontre (qu’elle soit nationale ou régionale) m’est apparue très porteuse car chaque fois on récoltait de nouveaux membres qui s’impliquaient : bienfaisance du contact vivant (plus que le virtuel).
Les enjeux se sont élargis : chacun a acquis une spécificité (Philippe dans le photovoltaïque ; Hugues dans tous ses postes professionnels ; Marc dans ses contacts locaux (exposition et colloque sur l’eau dans sa paroisse) ; Christophe dans son nouveau métier aux ramifications mondiales ; Cécile dans son éco école ; Chantal et ses chroniques si variées... et bien d’autres.
Les difficultés sont apparues quand j’ai demandé à être relayée. et là le national a beaucoup traîné et on s’est lancé dans de fausses pistes. Maintenant on a fait quelques progrès (quoique ... c’est toujours aussi difficile de trouver des responsables ...vous en savez quelque chose !)
Autre difficulté chronique : le manque d’accompagnateur... J’espère encore en Pascal Laufer... et piaffe en me demandant pourquoi faut-il un discernement si long !
Quant aux appels du monde ils viennent de partout : ça bouge et je rends grâce pour toutes les ramifications et les concertations qui se créent (Pax Christi et ses campagnes "vivre autrement" ; les SSF et l’expo lors de l’année sur le DD ; la prière 24h pour la terre ; St Lambert et ses rencontres de juin (en plus avec les évêques l’an dernier) ; Mgr Stenger directement ; et prochainement les assises de St Etienne.
Travailler en réseau me semble toujours très porteur parce qu’ensemble on a plus de poids et on s’aide.
Janine

*la principale difficulté est le passage à l’acte ! Un certain nombre de personnes sont conscientes des enjeux écologiques, mais ne changent pas pour autant leur mode de vie, ou pas assez (dont moi même). Arnaud


4) quelles réponses fécondes et moyens trouvés ? quelles façons de faire, manières de vivre ensemble, de faire Communauté ? Pour quel service ?

*Les moments privilégiés sont toujours pour moi les rencontres où on apprend à se connaître, à se repérer, où les exemples de chacun me font avancer, où je vis des témoignages exemplaires qui me boostent et me donnent envie de progresse encore et toujours.
Et je ressens toujours nos actions, si petites soient-elles, comme des appels à sauver le monde entier : la terre et tous ses habitants... et c’est VITAL
Janine

*Changer tout seul est très difficile. Changer ensemble est plus à notre portée. Décideur ensemble de réduire nos dépenses, de moins voyager, ne plus prendre l’avion, manger moins de viande, réparer nos objets, faire mieux vivre notre quotidien et nos relations de proximité, c’est possible, et même attractif mais ensemble. un objectif de communauté locale ?
Il ne s’agit pas tant de donner plus que de moins prélever sur la planète, aux autres pays, aux générations à venir. Arnaud


Une relecture personnelle :

* Voici ma petite contribution à l’atelier cvxccc. Compagnon CVX en
Bretagne, je suis marié, 4 enfants, 2 petits enfants. Je suis enseignant
notamment en biologie-écologie dans l’enseignement agricole. J’ai, comme
beaucoup, toujours été sensible à la beauté de la création. C’est souvent
pour moi un point de départ dans la prière. Quand on dit "Seigneur,
donne-moi ta lumière" au lever du jour, quand le ciel commence à éclairer
la végétation, c’est au sens propre qu’on le vit !

Sans avoir vraiment été militant, je me suis senti partisan d’une écologie
politique depuis René Dumont, le premier candidat écologiste à une élection
présidentielle, en 1973. Outre mon attirance pour la création, Je sentais
confusément ce qu’il y avait de faux dans la recherche de la productivité
à tout prix. J’ai découvert plus tard les effets sociaux négatifs d’un
productivisme irraisonné.

Il y a aussi une notion de la responsabilité personnelle qui me semblait
importante : agir comme si mon comportement individuel pouvait avoir une
influence sur la sauvegarde de la nature. Tout cela semble aujourd’hui
très banal (quoique pas facile à faire), mais à cette époque c’était une
douce utopie.

J’ai par contre été longuement engagé dans la promotion de la non-violence
au MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente), où l’écologie est
constitutive de l’action. La communication non-violente, l’éducation à la
Paix, la médiation sont autant de pratiques sous-tendue par l’idée
centrale du respect dû à toute personne humaine. Pour moi, ce respect
vient de ce que nous sommes tous fils et filles d’un même Père et aimés de
la même façon.

Tout ceci s’accorde naturellement avec l’adoption d’une "vie simple". Nous
avions deux voitures. Mon épouse Catherine en utilise une
professionnellement. J’en avais une autre pour les besoins courants, et
j’ai décidé de ne pas la remplacer. Depuis six mois, je me déplace en vélo
pour aller au travail, faire les courses, etc. Pour moi c’est une façon de
diminuer mes besoins matériels, de polluer moins tout en me poussant à un
peu plus d’activité physique. Je fais partie d’une association de
promotion du vélo utilitaire dans ma ville qui agit pour obtenir de
meilleurs équipements. Je suis conscient que ce n’est pas transposable à
toutes les situations, mais c’est pour moi un acte de liberté.

Je suis de ceux qui pensent que nous devons modifier radicalement nos
modes de vie, et ce au niveau planétaire. L’enjeu est tout simplement la
survie de l’humanité, mais aussi la justice. Comment accepter que nos
pollutions soient exportés vers les pays pauvres, que les surfaces
cultivées par les agriculteurs des pays pauvres pour leur propre
alimentation soient détournées au profit de cultures d’exportation, ou
pire de la production d’agro-carburants ?

Tenter de s’ajuster à un mode de vie plus "co-responsable de la création"
peut sembler contraignant et triste, mais en réalité c’est le contraire.
On prend du plaisir à se déplacer à pied (pourquoi ne pas en profiter pour
une prière d’alliance), à se libérer d’objets de consommation qui nous
aliènent au lieu de nous épanouir, à produire ses propres légumes, à
retrouver du temps au profit des relations humaines, etc.

La difficulté est de ne pas se laisser séduire par les multiples
propositions de consommation qui nous promettent, en achetant quelque
chose, de devenir plus libre, plus beau, plus aimé, bref "plus vivant". Le
tout sans effort et si possible en s’amusant. L’épanouissement personnel
semble l’horizon définitif de notre société, et effacer toute autre
considération. Bel objectif, en apparence. Je m’y laisse prendre bien des
fois ! Mais en réalité c’est le moyen qui ne convient pas. Pourquoi ne pas
relire un évènement tel qu’un renouvellement du chauffage central, ou le
choix d’un lieu d’habitation et voir quels sont les fruits et les
mouvements intérieurs qui en résultent ? Nous pourrions faire une
"relecture" de notre vie matérielle, de consommation quotidienne, de la
gestion de nos déchets. Je suis convaincu qu’on y trouverait matière à
croissance spirituelle !

Dominique

Ma relecture : Christophe

Dans cet exercice proposé par l’atelier je trace les grandes lignes des différents évenements qui m’ont conduit à m’engager dans CCC et ce que cet atelier m’a apporté. Les deux premiers points sont antérieurs à mon engagement mais je reconnais aujoud’hui qu’ils en ont posé les bases.
La vie à Meylan a montré que certaines choses étaient possible dans l’ordre de la « sobriété heureuse » (P Rabhi) ou de « l’abondance frugale » (JB de Foucault), la prise de conscience des impacts du changement climatique a aussi été un fort déclancheur de mon désir d’agir.
Le WE national à Rennes 2008 m’a vraiment lancé dans la démarche et m’a permis de comprendre que les choses se jouaient à une autre échelle que juste les comportements personnels. Enfin ma décision récente de changement d’orientation professionnelle est intimement liée à mon appartenance à CCC car elle l’a à la fois sucitée et permise. Ce changement est aujourd’hui pour moi une source de joie et une capacité à mieux comprendre et identifier les enjeux de façon plus globale.

1. Meylan 1.1 proximité de la nature

Il suffit d’une demi-heure pour se retrouver là où l’homme ne vit plus, et cela change vraiment la perception de la nature et de la place de l’homme. Il est bon de se sentir invité dans les espaces naturels, de profiter des bienfaits (beauté, silence, pureté de l’air, spectacle de la nature, …) tout en sachant que nous ne sommes pas à notre place.

1.2 une ville écolo

Meylan est une ville des années 70 pensée pour la vie sans voiture, avec un réseau de pistes cyclables qui relient de manière sure les différents points collectifs. (Ecoles, mairie, bibliothèques)
Elle est pionnière pour le tri des déchets.
La ville gère aussi un CINE(Centre d’Initiation à la Nature et à l’Environnement) pour sensibiliser les écoliers, les habitants et leur donner des clefs de compréhension de leur environnement.

1.3 vie de relations

Nous avons vécu dans une résidence où cohabitaient les habitants « historiques » devenus jeunes (ou moins jeunes) grands parents et des familles de jeunes enfants, qui se retrouvent dans les jardins aux pieds des immeubles. Cela permet des contacts faciles, des services partagés (baby sitting, courses, ...) entre générations.
Personnellement je me suis engagé comme trésorier de l’Union de Quartier pour participer avec mes compétences dans une des structures permettant ce style de vie..

2 Le changement climatique 2.1 prise de conscience de l’urgence

les effets sont faciles à mesurer en montagne avec les hauteurs de neige sur longue période. Il suffit de voir les installations des jeux olypiques de 68 pour comprendre que les hivers ont changé. Les récits d’enfance des collègues à peine plus âgés décrivent un autre monde.

2.2 début de réflexion et de changement de comportement

La confrontation du style de vie et des effets du changement climatique, associée au contact de chercheurs (nos voisins) ont crée l’envie d’en savoir plus, de comprendre et de trouver les leviers d’action

2.3 mesure de la réalité du combat

On arrive vite à la conclusion que cette attitude dérange à la fois au travail et en famille. On remet en cause des modes de vie, des certitudes.

3 WE national CCC à Rennes 3.1 l’ouverture

Ce premier WE régional pour moi a permis une rencontre avec des gens dont le métier touche aux évolutions nécessaires ( ADEME, mairies, ...), ou qui ont changé de mode de vie pour lutter à leur mesure contre l’impact du changement climatique. Ce fut aussi une source de références pour structurer la réflexion et comprendre les cadres conceptuels

3.2 l’inquiétude

Cela dit un des moments forts fut aussi le débat entre l’évèque de rennes, un chercheur au CNRS et une élue vert au conseil régional. Tous trois partageaient le diagnostic mais aucun n’a su ouvrir de pistes de solution. C’est cette absence de proposition, d’idée même sur les pistes de changement qui m’a fait prendre conscience de la réalité de l’urgence et du besoin de réflexion et de communication sur le sujet

4 Changement de travail

En 2010 j’ai changé d’orientation professionnelle pour rejoindre le département du Développement Durable de Schneider Electric pour gérer un fonds d’investissement dédié à la promotion de l’accès à l’énergie pour les populations les plus pauvres. Cette possibilté de mettre mes compétences en finance au service d’un autre développement me procure une vraie joie

4.1 sans CCC le changement n’aurait probablement pas été possible

ma participation à CCC m’a permis d’avoir une compréhension des enjeux et suffisamment de solidité dans mon engagement personnel pour accepter le risque du changement. .

4.2 prise de conscience que le changement de comportement individuel de quelques un des plus riches n’est pas à la hauteur des enjeux

La confrontation avec la réalité des pays en développement dans le cadre de mon nouveau travail m’a fait comprendre que les changements de comportements individuels au Nord ne seraient jamais suffisants. Dans la phrase fondatrice du DD « vivre simplement pour que tous puissent simplement vivre » nous nous sommes concentrés sur les premiers mots « vivre simplement ». Mais ce serait une erreur de croire que le « pour » marque un automatisme, que notre « simplicité » se traduira forcément par une amélioration pour tous. Le « Pour » marque en fait la nécessité d’un deuxième type d’action, il faut faire en sorte que les économies des uns soient effectivement mises à disposition de ceux qui en ont besoin et non pas captées ou gaspillées. (le fameux « effet rebond ») Le « Pour » est donc la marque de la nécessité d’un combat.
J’ai envie de faire partager cette conviction pour que CCC soit acteur dans cette direction. Ce qui pour moi a conduit à identifier des besoins de formation et un désir de participer à des réflexions sur ces sujets.

4.3 Ouverture sur le monde des acteurs de la finance solidaire. Les changements sont possibles

Le travail m’a aussi permis de rencontrer en France des gens qui œuvrent pour le développement d’une autre économie. Ce fut une découverte de voir que la vie professionnelle pouvait s’appuyer sur des valeurs de solidarité et de développement, que les mécanismes de gestion et de marché pouvaient être mis au service d’individus. Mais l’échelle reste modeste. J’ai intuition que le combat reste à venir. Il aura lieu quand / si le changement d’échelle viendra à vraiment déranger les acteurs classiques .CCC donne du recul et le cadre pour les actions.