Chrétiens Co-responsables de la Création
Dans le prolongement de l’Université d’été, Isabelle de Senilhes livre son regard sur les enjeux du travail de l’atelier.
A quels appels du monde êtes-vous sensibles ?
L’atelier CCC est porté par l’intuition que l’homme est co-responsable de la création. Aussi avons-nous engagé depuis longtemps déjà une réflexion sur le développement durable, et sa dimension chrétienne et ignatienne. Chacun est sensible à la beauté de la Création, de la nature. C’est un bon point de départ pour la prière et l’action. Nous vivons cela dans un désir de vie plus simple, plus unifiée, reliée à l’essentiel, fondée sur les relations plutôt que sur la consommation. De ce regard convivial primordial découle un souci d’accompagner l’autre avec amour, à commencer par les plus faibles. Nous voulons faire communauté avec une attention envers les victimes des sociétés actuelles et de leur développement.
Qu’est-ce qui vous a mis en mouvement ?
Dans la vie de chacun, quelque chose s’est passé qui appelait une réponse. Pour moi, la recherche de nouveaux modes de vie a été décisive et libérante. Aussi accueillons-nous dans toute sa force les principes généraux 4, 8 et 12, qui parlent avec une saveur évangélique de l’intégrité de la Création, mais aussi du souci des plus pauvres ainsi que de l’importance de la simplicité, dans la vie comme dans la mission. Cela nous expose à des questions difficiles : sur quelles démarches symboliques et très concrètes s’accorder ? Comment articuler le personnel et le communautaire ? Nous avons réussi avec un certain succès à entraîner la Communauté dans les campagnes " Vivre autrement », dans un collectif de 25 associations chrétiennes. Ainsi, l’affiche de Noël 2012 : La terre a du prix, elle nous est confiée, ne la bradons pas ! " Une expertise s’est également développée pour l’organisation des grands rassemblements et leur impact sur l’environnement : « ecocups », recours à des produits locaux, co-voiturage…
Comment Dieu est-il présent à ces enjeux ?
Nous contemplons la beauté de la Création mais aussi un mode de développement qui ignore et détruit les liens sociaux. Les pauvres, au Sud comme au Nord, sont les premières victimes des catastrophes écologiques. Quand on va vers un mode de vie plus frugal et qu’on commence à simplifier concrètement sa vie, se développe un espace intérieur plus grand, une forme de créativité. Dieu se rend présent dans cette attitude intérieure qui touche et fait signe pour d’autres. Témoigner d’une joie vécue est plus important que tenir un discours militant.
Propos recueillis par Paul Legavre