Je m’étais toujours interrogé sur une participation de ma part à cet atelier. Mon ancienne activité professionnelle et ma sensibilité aux problèmes environnementaux m’amènent en effet à penser que les questions abordées au cours de ces rencontres me paraissent importantes pour notre avenir.
Et puis la paresse, le manque de temps, d’autres priorités ont fait que je n’avais pas concrétisé mon désir. Aussi, lorsque j’ai reçu l’information de la tenue d’une réunion à Troyes, j’y ai vu comme un appel à ne pas me dérober ; Troyes n’est distant de Dijon que de 180 km. Je n’avais donc aucune excuse. Même le mauvais temps ne m’a pas fait renoncer. C’est dire…
Une intervention de Monseigneur STENGER, évêque de Troyes, constituait le temps fort de ces journées.
Nous voici donc embarqués, sous la neige, en covoiturage, avec Brigitte, pour Troyes.
Samedi matin, nous n’étions, à l’ouverture de la session, que 10 présents sur 30 inscrits. Et puis, les arrivées s’échelonnèrent en fonction des retards de la SNCF et nous nous sommes retrouvés les 30 personnes autour de Marc STENGER à 15 h. De notre région Etienne était également présent.
L’évêque de Troyes est très sensible, au sein de l’Eglise, aux problèmes environnementaux. Président de « Pax Christi », il vient d’être nommé Président du groupe de travail nouvellement créé « Ecologie et Environnement » au sein de la Conférence des Evêques de France. C’est donc la personne idoine pour traiter du sujet :
En quoi les questions d’environnement, de protection de la planète concernent-elles les chrétiens et comment se pose l’engagement des chrétiens en matière d’environnement ?
Marc STENGER affirme d’entrée que tout ce qui se dit et s’écrit sur l’avenir de notre planète est juste au plan scientifique. Mais que nous apporte un regard chrétien sur cette situation ?
L’idée largement répandue de l’attitude chrétienne véhiculée dans la Genèse 1(28) : « …remplissez la terre et dominez-là… » doit faire long feu. Aujourd’hui la situation nous conduit à une plus grande humilité et nous fait passer de l’état de conquérant à la situation de soignant de la planète.
A partir de ce constat, on peut prendre des points de repères évangéliques.
La Création appartient au Créateur, l’homme est placé dans le jardin de Dieu ce qui lui donne des limites à ne pas dépasser (ainsi, il ne peut toucher à l’Arbre de Vie). Nous sommes donc gestionnaires d’un projet que nous avons à conserver et à faire fructifier et la Parabole des talents est là pour nous le rappeler.
Une vocation que nous avons à vivre comme des frères. L’humilité du gestionnaire doit se conjuguer avec le partage avec le prochain ; c’est la destination universelle des biens rappelée dans « Gaudium et Spes § 69 ».
Des gestionnaires inventifs et créateurs. La collaboration à laquelle l’homme est appelé est une collaboration dynamique car le rapport de Dieu à la création n’est pas celle d’un fabricant, mais d’un amoureux : « chaque jour il vit que cela était bon… »
Nous avons donc à chercher des solutions qui soient d’authentiques contributions à l’amour de Dieu.
Quelles perspectives cela nous donne-t-il ? François d’Assise a le premier posé la question de l’utilisation des biens de la terre, non pas pour des notions d’épuisement mais pour des raisons de partage équitable. Nos principes créatifs et de gestion des biens s’enracinent dans la Foi et la participation active des chrétiens dans la Création et l’œuvre de Dieu. Notre Foi nous permet de dire que nous ne pouvons considérer aucune situation comme irréversible.
Saint Paul et le Christ parlent de la terre et non d’une autre planète après la mort. Nous ne pouvons donc pas réfléchir à autre chose qu’une continuité sur notre terre et pour cela il faut éviter que nos manigances empêchent qu’existe un lendemain.
Pour les chrétiens, le rapport à la nature est un problème de Foi. Notre impératif : réinscrire Dieu au cœur du paysage. Avec comme conséquence de transformer notre conception de la vie ; nous continuerons à gérer, mais nous ne serons pas omnipotents, nous aurons des comptes à rendre. Des choses doivent changer dans nos vies : liberté, solidarité, sobriété. Et ces notions doivent s’articuler entre elles.
Ainsi la liberté engage la responsabilité envers les plus démunis et si on est amené à prendre des décisions, il faut qu’elles soient adossées à la justice ( et Marc STENGER de rappeler la taxe carbone).
Changer nos modes de vie ne veut pas seulement dire se restreindre, c’est aussi partager ; l’homme n’a jamais possédé autant de pouvoirs et en même temps été soumis à l’imprévisible. Il nous faut associer 2 choses : accepter de ne pas tout contrôler et saisir toutes les chances qui s’offrent à nous pour obtenir un plus.
A nous de retrouver une cohérence, des valeurs, c’est la seule chance de mettre la terre d’aplomb et valoriser ce qu’elle nous offre. Avoir foi en l’avenir, dire qu’il y a toujours un lendemain possible c’est réagir aux problèmes d’environnement en chrétien responsable.
J’étais venu à cette session en citoyen bien élevé soucieux de mon environnement et maugréant contre mes concitoyens sans scrupules. Marc STENGER a replacé ma Foi au cœur de mes préoccupations sur l’avenir de notre terre et m’a donné des pistes, des arguments à défendre auprès des chrétiens et des non chrétiens pour leur dire qu’il existe toujours un lendemain possible qui dépend de nous.
Michel T.