Les gaz de schistes (n°160)

Avant Décembre 2010, bien peu de personnes connaissaient ce terme : gaz de schistes.

Depuis, les médias ont révélé que des permis d’exploration avaient été délivrés quelques mois auparavant, en particulier dans le triangle Valence-Montpellier-Nice mais aussi en Dordogne et en Moselle …..à des sociétés françaises et américaines en particulier.

Mais qu’est-ce au juste ? Le gaz de schistes se différencie du gaz conventionnel par le fait qu’il est réparti de manière diffuse dans les couches géologiques, ce qui ne permet pas une exploitation classique. Pour l’extraire, il faut creuser d’abord des puits verticaux à plus de 2000 m de profondeur et de là partir horizontalement en fracturant la roche par injection d’eau (15 à 20 000 m3 par puits) sous très forte pression avec des micro-billes et 500 produits chimiques pour maintenir les failles ouvertes et concentrer le gaz. Pour compléter les modalités de l’extraction, les puits ont une vie courte. Il faut en creuser un grand nombre, souvent proches les uns des autres, parfois tous les 200m.

Jusqu’au début des années 2000, le coût d’extraction d’un tel gaz était trop cher donc pas rentable. Mais la hausse mondiale du prix du gaz et les incertitudes géopolitiques changent la donne : une aubaine pour les grandes multinationales du pétrole ; une occasion pour nos responsables politiques d’acquérir de l’autonomie énergétique.

Mais les Etats-Unis et le Canada ont quelques années d’avance sur nous…et les populations des régions concernées subissent les dommages énormes de l’exploitation des gaz de schistes. Elles ont demandé des moratoires.
Un film documentaire GASLAND a été réalisé en Amérique du Nord et a d’ailleurs été nominé pour les Oscars. Il montre l’impact de cette exploitation sur la vie des gens : nappes phréatiques très polluées, maladies, rejets de gaz toxiques sans parler des 200 allers-retours de camions nécessaires à chaque opération de fracturation hydraulique pour transporter les matériaux de chantier, les tonnes d’eau et le gaz.
Un exemple qui serait drôle s’il n’était pas inquiétant : des personnes montrent qu’une allumette enflammée près d’un robinet d’eau ouvert provoque une grande flamme, signe de présence de gaz dans l’eau.

Nous sommes face à des questions de fond :

 ? Ou bien on choisit, quel qu’en soit le prix, de poursuivre notre vie basée sur le pétrole et le gaspillage malgré les risques pour la santé et les dégâts portés à notre cadre de vie…

 ? Ou bien, on prend acte qu’une fuite en avant n’est pas durable, que notre style de vie d’hyperconsommation va rendre notre « maison commune, la planète » laide et invivable pour nos enfants…

 ? Qu’après tout, économie, partage et sobriété choisie nous rapprochent de l’Evangile.

Sortie cinéma en France : le 6 Avril 2011

Pour Radio Présence