Locavore ? (n°126)

LOCAVORE : ce terme est récent.
Il désigne des personnes qui choisissent de se nourrir exclusivement d’aliments produits dans un rayon de 150 kms maximum.

En France, à Castelnaudary, le promoteur de cette idée s’appelle Stéphane LINOU. Il est géographe de formation, agent de développement territorial dans le Lauragais/Montagne Noire, préoccupé d’aménagement du territoire et de souveraineté alimentaire.

Le constat, tout d’abord :

 ? En 2008, les émeutes de la faim provoquées en grande partie par la spéculation sur le prix des matières premières nous ont rappelé l’importance de la sécurité alimentaire. Même si elle menace davantage les pays les plus pauvres, cela mérite d’être regardé de plus près chez nous aussi.

 ? Un volcan qui se réveille en Islande et bloque les transports aériens, repoussant de plusieurs jours le retour de voyageurs mais aussi la livraison de marchandises…
Une grève de camionneurs… un blocus sur la fourniture du pétrole ou son renchérissement… Imaginons un peu tout ce que nous fournit le pétrole : le transport des marchandises par air, mer ou terre ; le carburant pour les tracteurs, le chauffage des serres ; les engrais et produits chimiques utilisés en agriculture…l’énergie nécessaire à la transformation et la congélation…

 ? Enfin, force est de constater que les terres fertiles maraîchères qui nourrissaient les habitants des villes ont été transformées en lotissements, centres commerciaux, voire terrains de golf.
Or, les Anciens nous le disent : sous l’Occupation, seules les campagnes ont mangé à leur faim. Chacun avait son potager, un peu d’élevage, un verger…on s’échangeait quelques produits. Par contre, en ville, on souffrait de pénurie…et cependant, il y avait encore une ceinture de production maraîchère capable de fournir un minimum de légumes.

 ? Un autre problème majeur est la spécialisation des zones géographiques : ici, des céréales à pertes de vue…là-bas, une concentration d’élevage…

Stéphane LINOU, donc, s’est engagé personnellement dans une expérience : se nourrir exclusivement, durant UNE année, d’aliments produits à moins de 150 kms de chez lui…et le plus possible dans un rayon de 15 kms (il avait cependant prévenu dès le début qu’il s’accorderait des dérogations pour ne pas se couper de la société, ce qui n’était pas le but). Comme il l’explique lui-même : « Je me lance ce défi : c’est la mise en scène de ma propre expérience de mangeur local, de « locavore » qui me servira d’outil pour sensibiliser l’opinion publique, les élus et les médias. Pour moi, la production locale pour une consommation locale, n’est pas un repli sur soi mais une question d’ordre public ».

Que feraient les populations des villes avec des grandes surfaces non approvisionnées ou avec des produits hors de prix ?

Les réponses sont, vous l’avez deviné, dans une volonté des services publics de favoriser la production agricole avant toute autre chose…
Et chez les particuliers qui le peuvent, la nécessité de réapprendre les gestes du jardinage.

Pour Radio Présence