Des experts sonnent l’alarme : les changements survenus dans les écosystèmes menacent le développement
60 % des services fournis par les écosystèmes et qui permettent la vie sur terre sont dégradés ou
surexploités. Le Rapport de Synthèse sur l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire , qui résulte d’une
étude menée par 1300 experts de 95 pays avertit que les effets négatifs de cette dégradation risquent de
s’aggraver de façon significative dans les 50 ans qui viennent. Bien que nous n’ayons pas encore toutes les
données, les experts peuvent d’ores et déjà affirmer que la dégradation observée pour 15 des 24 services
fournis par les écosystèmes pris en compte par l’étude - notamment la fourniture d’eau douce, les stocks de
pêche, la régulation de l’air et de l’eau, la régulation des climats régionaux, des risques naturels et des
parasites - accroît la probabilité de changements brusques qui peuvent affecter sérieusement le bien-être des
humains Par exemple, l’apparition de nouvelles maladies, des changements soudains de la qualité des eaux,
la création de « zones mortes » le long des côtes, la destruction des zones de pêche, ou encore des
bouleversements du climat à l’échelle des grandes régions du monde.
Le Rapport de Synthèse met en lumière quatre conclusions majeures :
1. Les humains ont modifié les écosystèmes plus rapidement et profondément au cours des 50 dernières
années qu’à tout autre moment de leur histoire. Ils l’ont fait principalement pour répondre à des besoins
croissants en nourriture, eau douce, bois, fibres et combustible. Plus de terres ont été converties pour
l’agriculture depuis 1945 qu’aux XVIIIe et XIXe siècles réunis. Plus de la moitié des engrais azotés
synthétiques - mis au point en 1913 - utilisés pour l’agriculture l’ont été depuis 1985. Selon les experts,
la conséquence en est une perte substantielle et largement irréversible de la diversité de la vie sur la Terre,
où 10 à 30 % des espèces de mammifères, d’oiseaux et d’amphibiens sont désormais menacées
d’extinction.
2. Les changements des écosystèmes qui ont entraîné des gains nets substantiels en termes de bien-être
humain et de développement économique ont été obtenus à un prix de plus en plus élevé en termes de
dégradation des autres services. Seuls quatre services fournis par les écosystèmes ont vu une amélioration
au cours des 50 dernières années : des gains de production pour les récoltes, le bétail et les produits de
l’aquaculture, et une séquestration accrue du carbone en vue de la régulation du climat global. Deux
services - la production de ressources halieutiques et la fourniture d’eau douce - sont aujourd’hui rendus à
un niveau bien inférieur aux besoins actuels, sans parler des besoins futurs. Les experts prévoient que ces
difficultés vont diminuer substantiellement les bénéfices que les générations futures peuvent attendre.
3. La dégradation des services fournis par les écosystèmes devrait s’aggraver de façon significative durant la
première moitié du siècle, ce qui est un obstacle à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le
Développement. Chacun des quatre scénarios pour le futur explorés par les scientifiques au cours de
l’étude prévoit bien des progrès en vue d’éradiquer la faim dans le monde, mais ces progrès seront bien
trop lents pour réduire de moitié d’ici 2015 le nombre des personnes qui souffrent de la faim. Les experts
rappellent d’autre part que des changements des écosystèmes comme la déforestation ont une influence
sur l’abondance des pathogènes qui affectent les humains tels que la malaria ou le choléra, ainsi que sur
les risques d’émergence de nouvelles maladies. La malaria, par exemple, représente 11 % du fardeau de la
santé pour l’Afrique ; si cette maladie avait pu être éradiquée il y a 35 ans, le produit intérieur brut du
continent africain serait aujourd’hui de 100 milliards de dollars plus élevé.
4. Le défi qui consisterait à renverser la tendance à la dégradation des écosystèmes tout en satisfaisant une
demande croissante peut être relevé selon certains scénarios qui impliquent des changements significatifs
des politiques et des institutions. Il s’agit cependant de changements importants et les tendances actuelles
ne vont pas dans ce sens. Le rapport mentionne les options possibles pour conserver ou améliorer certains
services fournis par les écosystèmes tout en réduisant les effets pervers ou en augmentant les impacts
positifs sur d’autres services. Par exemple, la protection des forêts naturelles sauvegarde la faune et la
flore sauvages tout en fournissant de l’eau douce et en réduisant les émissions de carbone.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter http://www.milleniumassessment.org (uniquement en
anglais)