Xavier est content : il vient de s’acheter une chemise 100% coton, irrétrécissable, bleu roi, élégante et bon marché. Une bonne affaire, n’est-ce pas ?
Probablement que Xavier ne s’est pas demandé d’où venait sa chemise ni ce qui s’était passé entre le moment où un paysan africain ou indien avait semé son champ de coton et celui où sa chemise était sortie de l’atelier de confection.
Sinon, il y aurait peut-être regardé à 2 fois avant de l’acheter !
Le coton a peut-être été cultivé par un paysan béninois ou sénégalais. Pour protéger ses champs des nombreux insectes, il a dû traiter une dizaine de fois avec des pesticides, certains interdits en France car trop toxiques.
Il l’a fait sans protection, par manque d’information ou de vêtements de protection.
(1,5 M de producteurs de coton sont intoxiqués chaque année par les pesticides)
Ce paysan a vendu sa production à bas prix, les intermédiaires et acheteurs gardant l’argent pour se rembourser des engrais et pesticides fournis.
De là, les balles de coton sont acheminées par camion vers un port, puis par bateau jusqu’en Europe où les fibres sont blanchies, souvent avec du chlorate de soude, puis filées.
L’étape suivante est la teinture et là, l’industriel dispose de centaines de substances chimiques. Pour le bleu, ce sera peut-être le colorant dispersé bleu 124, fréquemment à l’origine d’allergies. Pour d’autres couleurs, il aurait pu choisir un colorant azoïque, potentiellement cancérigène.
Enfin, il faut fixer le colorant sur le tissu…avec un fixateur chimique évidemment.
Ah, j’oubliais : pour que cette chemise rende le repassage inutile, le tissu aura été préalablement imprégné de résines synthétiques, sans doute à base de formaldéhyde. Un autre traitement l’aura rendu irrétrécissable…
Enfin, les pièces de tissu partent vers les pays asiatiques, dans des ateliers où travaillent bien souvent des enfants pour des salaires de misère, peut-être dans des conditions épouvantables, parfois proches de l’esclavage.
Une seule chemise aura donc nécessité :
? 100G de pesticides,
? 2000 à 3000 l d’eau,
? Des dizaines de produits chimiques aux différents stades, depuis la culture jusqu’à la confection,
? Des milliers de kms en avion ou bateau,
? Le travail sous-payé d’un agriculteur et des ouvriers du textile,
? Le rejet dans les rivières d’eau polluée par tous ces produits utilisés.
Cette chemise, c’est celle que l’on trouve partout…
Et pourtant, grâce à nos achats responsables, ce n’est pas une fatalité.
De plus en plus, nous pouvons trouver des articles en coton bio ou issus du commerce équitable, ce qui garantit respect des personnes tout au long de la production et respect de la Terre.
(Cette chronique est inspirée d’un texte trouvé dans le magasin Ethic et Chic de Toulouse)
Pour Radio Espérance