En 2007, on annonçait 850 millions d’affamés dans le monde.
Un an plus tard, après la hausse du prix des matières premières, les émeutes de la faim, l’augmentation du prix des carburants….ils sont presque 1 milliard.
Quels liens peut-on faire entre ces différentes informations ?
Certains des pays riches connaissent une surproduction de céréales. Depuis des dizaines d’années, il y avait l’idée de les utiliser pour faire rouler les voitures. Mais, avec un carburant bon marché et abondant, ça n’était pas intéressant.
Les excédents de la production agricole étaient donc vendus sur le marché mondial, là où ces produits manquaient.
Aujourd’hui, l’idée est ressortie : le prix du pétrole est monté et on sait qu’il est disponible en quantité limitée…des études très discutables et le travail des lobbies de l’agriculture industrielle ont donc tenté de nous faire croire que les agrocarburants étaient aussi la solution pour lutter contre le réchauffement de la planète.
Selon Jacques Diouf, directeur général de la FAO, 100 Millions de tonnes de céréales (maïs et blé) sont détournées de l’alimentation au profit de l’énergie.
Hier aux Etats-Unis, par exemple, le maïs servait à l’alimentation et il était en partie exporté. Aujourd’hui, les Américains consacrent 30% de leur production aux agrocarburants, par ailleurs hautement subventionnés…ils n’ont plus rien à exporter.
La diminution des volumes sur le marché a fait monter les prix…et c’est là que survient la spirale de la crise alimentaire. Dans les pays pauvres, 75% du revenu des habitants est consacré à l’alimentation. Si le prix de l’alimentation double, c’est la catastrophe. Ils n’ont pas d’échappatoire.
Mais alors, dirons-nous, pourquoi les pays du sud ne pratiquent-ils pas davantage les cultures vivrières ?
Nous devons reconnaître que, dans bien des cas, ce sont encore de grandes entreprises des pays du Nord qui exproprient, déforestent, pillent pour y pratiquer une agriculture industrielle : le soja en Amérique latine, les palmiers à huile en Asie du sud-est ou le coton en Inde.
C’est tout cela qui a fait crier de colère Jean Ziegler, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation, je le cite : « La fabrication de biocarburants est aujourd’hui un crime contre l’humanité. » C’est une expression lourde de sens mais on est devant le choix, en tout cas pour ce qui est des agrocarburants de 1re génération (cad faits à partir de céréales ou d’oléagineux), on est donc devant le choix de nourrir les hommes ou de donner à boire à sa voiture !
Voici 2 références de livres traitant de ce sujet :
1/ « La faim, la bagnole, le blé et nous. Dénonciations des agrocarburants » de Fabrice Nicolino
2/ « Biocarburants : 5 questions qui dérangent » aux éditions Technip
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