L’article ci-dessous publié dans Libération aujourd’hui m’a beaucoup intéressé. Ils montrent que des chrétiens peuvent se mobiliser pour des causes environnementales. Je pense que ma foi est assez différente de celle des chrétiens évangéliques américains, mais j’admire la force et la détermination de leur mobilisation dans un pays assez rétif aux causes environnementales. En tout cas, ces campagnes sont un réservoir à idées pour donner une suite à la campagne « Noël, bonne nouvelle pour la terre ».
Chrétiens américains en croisade écolo
Un groupe d’évangéliques prônant la réduction des gaz à effet de serre a lancé, hier, un défi à Bush.
Par Pascal RICHE
vendredi 10 février 2006
Washington de notre correspondant
« Parce qu’en Lui ont été créées toutes choses dans les cieux et sur la terre. » Alignés derrière ce verset de l’Epître aux Colossiens, un groupe de responsables évangéliques a lancé hier un défi au président américain, qui n’a jamais vraiment pris au sérieux le risque du réchauffement climatique lié à l’activité humaine. Dans un manifeste publié par le New York Times, 86 pasteurs, responsables de « mégaéglises » ou d’organisations évangéliques, prônent l’adoption d’une loi fédérale visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Après des études, des réflexions, des prières considérables, nous sommes maintenant convaincus qu’il est temps pour notre pays d’aider à résoudre le problème du réchauffement global », écrivent-ils, en se réclamant du message de Jésus.
Sur leur site (1), les signataires suggèrent une approche de type Kyoto : réduction des émissions assortie d’un marché de droits à émettre (cap and trade). Le groupe s’apprête à lancer des spots publicitaires pour appuyer son message.
Il n’est pas rare que les évangéliques américains tiennent des discours en faveur de l’environnement : une organisation avait même lancé une campagne anti-4 x 4, sous le slogan « What would Jesus drive ? » (« Que conduirait Jésus ? »). Mais c’est la première fois que l’on assiste à une telle initiative coordonnée, comparable aux campagnes menées par ces Eglises contre l’avortement ou le mariage homosexuel.
Dans l’équation politique, l’ECI (Evangelical Climate Initiative) est une nouvelle donnée que les républicains ne pourront ignorer. D’autant que l’initiative n’est pas, dans le domaine de l’environnement, le seul virage constaté à droite. Du côté des néoconservateurs, petite mais influente famille, plusieurs personnalités appellent à investir massivement dans les énergies renouvelables pour des raisons de sécurité nationale : il faut, selon eux, desserrer coûte que coûte la dépendance politiquement délétère envers le pétrole moyen-oriental. Leur approche a eu un écho dans le discours sur l’Etat de l’Union, fin janvier, lorsque Bush a spectaculairement regretté que l’Amérique soit « accro au pétrole ».
Les défenseurs de l’environnement ne devraient pourtant pas se réjouir trop vite. Les opposants à tout plafonnement législatif des émissions de CO2 sont encore très puissants aux Etats-Unis. Les évangéliques, eux, s’écharpent sur le sujet. Ceux qui appellent cette semaine à voler au secours de « l’oeuvre du Créateur » rencontrent l’opposition de ceux qui, comme l’Interfaith Stewardship Alliance, estiment que de telles politiques, en bridant la croissance, « frapperaient les pauvres ». Et les Eglises les plus marquées à droite, comme la Southern Baptist Convention, ont pris leurs distances vis-à-vis de l’ECI. James Dobson, qui dirige l’influente association Focus on the Family, voit en cette campagne écologique une « distraction », qui risque de jouer selon lui au détriment des « vrais » combats, avortement ou valeurs familiales.