Coline Serreau, beaucoup d’entre nous la connaissent à travers ses films : 3 hommes et un couffin, La Crise, La belle verte…
Son dernier film, « Solutions Locales pour un Désordre Global ».
Il y a du réalisme dans ce film : l’agriculture moderne, développée dans l’immédiat après-guerre, est basée sur les inventions chimiques (tel le gaz moutarde ou l’agent Orange, développé par Monsanto) qui vont donner les insecticides. Bien sûr, il fallait à cette époque relancer la production et nourrir les hommes.
Mais on a confié cette mission à une agriculture intensive, dépendante de la chimie et du pétrole, entre les mains de quelques multinationales qui répandent leurs semences hybrides à travers le monde, privant le paysan de ses capacités à sélectionner lui-même ses variétés.
Les pesticides, les labours profonds qui détruisent les organismes vivants qui recyclent la terre en permanence, la séparation de la culture et de l’élevage, pourtant complémentaires…dans bien des endroits, la terre est morte ! Et pourtant, ce modèle d’agriculture qui devait nourrir la planète…laisse aujourd’hui, selon la FAO, 1 milliard d’êtres humains affamés.
Il y a quelques décennies encore, nos villes étaient entourées d’une ceinture verte, produisant céréales, légumes, lait…Aujourd’hui, nos belles terres agricoles ont été sacrifiées pour en faire des centres commerciaux, des aéroports, des maisons de plus en plus éloignées du travail. Nous nous sommes rendus dépendants du pétrole et des productions du bout du monde : perches du Nil, viande d’Argentine, fruits du Chili…Une pénurie de pétrole, une grève des transporteurs : nous avons à peine de quoi tenir quelques jours !
Mais, comme le dit Coline Serreau, « les films d’alerte et catastrophistes ont été tournés, ils ont eu leur utilité, mais maintenant il faut montrer qu’il existe des solutions, faire entendre les réflexions des paysans, des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s’est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives ».
Alors, Coline Serreau est partie, caméra sur l’épaule, à la rencontre de toutes ces initiatives qui naissent un peu partout dans le monde :
? Comment Pierre Rabhi aide des paysans marocains à remettre en route leur production agricole malgré la faible quantité d’eau.
? Comment, en Ukraine, un ancien directeur de kholkoze précédemment bourré de pesticides, a converti 8000 ha en bio, avec des rendements très bons.
? Comment Kokopelli fournit gracieusement des semences reproductibles à des paysans brésiliens.
? Comment en Inde, au Vietnam, en France, des hommes trouvent des solutions.
? Je terminerai par l’exemple, en France, de Claude Bourguignon, biologiste qui a démissionné de l’INRA par conviction pour fonder avec sa femme son propre laboratoire de recherche et d’analyse en microbiologie des sols, une discipline qui n’est plus enseignée aujourd’hui !
Le message de Coline Serreau pourrait se résumer ainsi : Face à ce désordre global, il existe déjà des solutions…et on a besoin de tout le monde !
Pour Radio Présence