Le Carême, nous dit-on, est de retour chez bien des chrétiens, avec de nouvelles manières de le pratiquer, entre jeûne et partage, non sans lien avec des préoccupations environnementales toujours plus fortes en ce début de millénaire.
Au temps du Carême, nous espérons prendre un peu plus de temps pour observer, méditer et agir autrement. Il s’agit là de nous remettre dans les pas de Jésus au désert, face à une nature sauvage mais aride.
Le désert, ce n’est justement pas une nature très accueillante, mais parfois hostile ! C’est que la nature nous a montré cruellement ces derniers temps que le monde dans lequel nous vivons est précaire, que ce soit lors des terribles séismes, lors des tsunamis dans le Pacifique et lors des tempêtes meurtrières sur l’hexagone.
Comment pouvoir à la fois domestiquer et préserver un environnement toujours en évolution ? Il paraît impossible de pouvoir maîtriser des cataclysmes par nature bien peu prévisibles. Mais il y a aussi derrière tout cela les enjeux d’une bonne relation à la création, de notre alimentation, de notre environnement, de notre croissance et de notre développement. Et là il y a sans aucun doute fort à faire.
Le débat fait actuellement rage entre défenseurs de la planète de tous styles et contempteurs de l’écologie politique. Mais les prophètes de malheur côtoient souvent les inconscients de tous bords. Pourtant, il semble bien que l’avenir de la planète soit un véritable sujet. Alors, « quid » de notre engagement chrétien par rapport à tous ces enjeux environnementaux ?
Plus que jamais, il nous faudra trouver des solutions concrètes pour un meilleur partage d’une terre qui nous a été donnée en héritage.
Et la solidarité est un devoir avec ceux qui manquent de tout. Force est de constater dans ce domaine qu’il est difficile de voir en quelle mesure le Royaume que nous proclamons est déjà là ! Le Christ, nous le professons, est vainqueur du mal et de la mort, mais en quoi cela est-il visible là ? Et cela ne s’arrange guère et parfois au contraire, sous l’action de l’homme. Où donc est le Royaume et où donc est Dieu ?
Au coeur du monde pourtant ! Nous sommes alors dans le domaine de l’espérance et de la foi.
Dans le désert de nos grandes villes emplies de tant de bruit et de tant de solitude, il nous reste le silence construit, choisi, celui de notre prière, de notre méditation qui pourra stimuler et conduire notre action. Celle-ci doit être collective, mais elle ne peut que commencer par une initiative personnelle et des résolutions concrètes : avançons dans le respect de la création, de l’autre et des générations à venir, afin de vivre, peut-être un peu autrement, ici et maintenant.
Voilà une bonne raison de plus d’entrer en Carême !
Méditation du P. Hervé Giraud, prêtre de l’Oratoire,
vicaire à Saint-Eustache
Pour Radio Présence