La Crise avance mais faut-il y répondre par une ligne Maginot ?

En 1928 , la crise montante avec l’Allemagne permettait à André Maginot d’obtenir des crédits tout à fait exceptionnels (3,3 Md Fr ) pour bâtir sur toute la frontière Est, des Alpes aux Ardennes, un formidable ensemble de forts et d’ouvrages défensifs devant prévenir toute invasion venant du Rhin. Ainsi ce futur Ministre de la Guerre a dépensé un superbe zèle actif et efficace pour bâtir au début des années 30, les réponses techniques qui avaient sans doute manqué ……..en aout 1914 ! Et pendant qu’on coulait le béton des casemates enterrées, Goering faisait accélérer les chaines de montage des Messerschmitt qui prendraient tout le monde de court en mai 1940 ! Pourvu que l’histoire ne se répète pas trop face à la faillite sociale et économique que nous affrontons maintenant ! Pourtant dans les couloirs et les colonnes de la presse économique, on n’a jamais autant entendu les expressions, les comparaisons et les références de « crise de 29 », « new deal », « JM Keynes », voire même « fordisme » !

Et à contrario, où sont évoquées, conçues, testées les réponses nouvelles pour faire face à ces crises ? Face à ces déséquilibres sociaux et financiers radicalement nouveaux, où sont-elles ces réponses dont certaines devraient être étonnantes, décoiffantes, bref créatrices ou fondées justement sur une radicale nouveauté ! A problème radicalement nouveau, solutions tout aussi nouvelles, pensez-vous à juste titre ! Eh bien non, l’urgence, c’est de sauver les meubles existants pour continuer à faire comme avant, par exemple sauver l’industrie automobile ! Bref…bâtir vite notre ligne Maginot… Et c’est bien ce qui se passe !

Un exemple tout récent : en Europe, où 60% de la population vit en milieu urbain et où près de 85% du PIB de l’UE y est réalisée, l’économie des principaux Etats souffre de lourdes pertes dues aux encombrements des grandes villes : 1% du PIB de l’UE est ainsi sacrifié, chaque année, sur l’autel des embouteillages. Quelle est la réponse de la Commission à ce défi rendu prioritaire pour cause de lutte contre le changement climatique ? La Commission confirme ce 12 janvier 2009 aux députés du
Parlement européen les rumeurs qui couraient depuis plusieurs jours à Bruxelles : le plan d’action sur la mobilité urbaine, initialement attendu à l’automne dernier, est reporté sine die. En cause les craintes de Berlin de voir Bruxelles affaiblir son industrie automobile.

Heureusement la réaction de la majorité des groupes de l’hémicycle européen, est de contrer cette « bêtise inexplicable »la sortie imminente d’un rapport d’initiative qui va contenir 25 à 30 mesures pour une mobilité urbaine. Une fois voté, ce texte aura en effet une valeur juridique nulle, mais un poids politique très fort. Car, pour la première fois dans l’histoire du Parlement européen, les députés ont l’intention d’imposer ce texte de bon sens et de courage au prochain commissaire européen aux transports, qui sera nommé au 2e semestre. S’il refuse de mettre ce texte à l’ordre du jour, les députés refuseront de valider sa nomination !

Et dans l’Hexagone, où sont les réponses innovantes et adaptées à la crise ?? Pourtant vous l’entendez presque tous les jours, cette solution phare, ce leitmotiv qui revient en permanence : il faut sauver l’industrie automobile !!! Et pourtant, rappelez vous, on l’a déjà dit ici que la fabrication en Europe des automobiles, ne crée que1,8 emplois par million d’€ investit, alors que le travail du bois en crée 8, le bâtiment 10,5 et le transport routier de voyageurs 13,5 emplois (Ph Quirion, TES/INSEE
base 2000) ! Bref, n’écoutons pas que les vérités relayées par les grands shows TV !! (« On ne peut pas dire la vérité à la télé, disait Coluche,….il y a trop de monde qui la regarde ! » Alors courage, recommençons à penser par nous même, commençons à penser neuf !!

Pour RCF Savoie