Les kilomètres alimentaires (n°6)

Faisons une expérience lors de nos prochains ravitaillements et regardons l’origine géographique de ce que nous achetons :

- par exemple : des pommes du Chili ou d’Argentine
des haricots verts du Kenya ou du Burkina Faso
des crevettes de Madagascar ou de Thaïlande
l’agneau de Nouvelle Zélande
des fleurs coupées de Colombie
et même des melons de Marrakech ou des fraises d’Espagne disponibles avant ceux produits dans notre région, etc, etc, etc…

Qui peut imaginer le trajet parcouru par les produits alimentaires avant de se retrouver dans notre assiette ? Des crevettes pêchées en Belgique ou au Danemark sont décortiquées au Maroc avant de revenir dans nos supermarchés.
Aux Etats-Unis on estime que la nourriture voyage en moyenne entre 2500 et 4000 kms entre le lieu de production et celui de consommation.
Les produits alimentaires et agricoles sont responsables d’1/3 des transports sur route. Du coup, le transport est devenu l’un des principaux impacts environnementaux de la consommation alimentaire, du fait des émissions de C02 et autres rejets polluants liés d’une part au nombre de kms parcourus et d’autre part au moyen de transport utilisé.

Des études donnent les chiffres suivants : les produits alimentaires transportés génèrent par tonne et par km :

  • par bateau = de 15 à 30g de CO2
  • par train = 30g
  • par camion = de 210 à 1400g
  • par avion = de 570 à 1580g

1 KG d’ananas importé du Ghana par avion équivaut à 5kg de CO2 rejeté … contre 50g s’il est transporté par bateau ! On pourrait multiplier les exemples à l’infini.
Il y a plus surprenant encore dans le commerce international. De nombreux pays, pour diverses raisons, parmi lesquelles les subventions accordées par la Communauté Européenne importent et exportent le même produit.

En 1999 la France a exporté 3515 millions de tonnes de lait, elle importe 1641 millions de tonnes de ce même produit.
Ce que l’on appelle aujourd’hui les « kilomètres alimentaires », gros responsables d’émissions de C02, ont aussi d’autres conséquences : participation à l’épuisement des ressources en pétrole, augmentation du trafic routier, embouteillages, accidents.

Autant dire qu’il est urgent pour nous, les consommateurs, de prendre cette question en considération et de réorienter nos choix. Pour cela, efforçons-nous de mieux lire les étiquettes indiquant la provenance de ce que nous achetons. Nous pouvons choisir de ne plus consommer que les fruits et légumes de saison, en privilégiant ceux produits localement, en pleine terre plutôt que sous serres.

Est-il normal de dépenser 5 litres de kérosène pour manger 1kg de fraises au mois de Février ?

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