Info CCC déc. 2004

Atelier CCC 04-12-04
Bonjour,

La présente mouture de la lettre d’information de l’atelier CVX CCC est copieuse. Pour la première fois elle contient un conte « Vous régnerez sur des tombes » ; Dominique Schnaebele l’a rédigé à l’isssue de notre dernière rencontre nationale. Vous le trouverez à la fin. Par ailleurs, la diversité des contributeurs augmente un peu même si c’est encore Janine Prost qui détient la palme. N’hésitez pas à envoyer vos impressions, vos commentaires et toute autre soumission relative à l’atelier. Je diffuse tous les deux mois une lettre d’information de ce type et, pour des choses urgentes, je peux envoyer un flash.

Comme certains n’étaient pas parvenus à voir le dessin humoristique que Claire Coulibaly avait transmis, je le copie ci-dessous. Je reproduis aussi une carte représentatant la répartition des membres de l’atelier.

SOMMAIRE

A. Prochaine rencontre nationale de l’atelier en décembre 2005
B. Halte spirituelle à Manrèse (fin octobre 2005) : L’homme dans la Création, partenaire de l’Alliance Divine
C. Quelques mots de Jean-Pierre Guérend membre de CVX et de Pax Christi
D. Innovation intéressante signalée par Alfred de Romemont
E. Réflexion sur l’internationalisation de l’Amazonie transmise par Sylvie Noguer
F. Livres et films relatifs au développement durable et à la mondialisation commentés par Janine Prost
G. « Vous régnerez sur des tombes », par Dominique Schnaebele

A. Prochaine rencontre nationale de l’atelier en décembre 2005
Elle aura lieu les 3 et 4 décembre 2005 au Prieuré Saint Benoit d’Etiolles en région parisienne (Cf. http://perso.wanadoo.fr/cbpsb/accueil.html). C’est accessible facilement en transport en commun depuis la gare de Lyon. Vu la répartion des membres de l’atelier représentée sur la carte ci-jointe, ce lieu devrait permettre au plus grand nombre de pouvoir participer en utilisant des transports en commun pour venir.
B. Halte spirituelle à Manrèse (fin octobre 2005) : L’homme dans la Création, partenaire de l’Alliance Divine
Le projet de développement durable intègre aujourd’hui des objectifs sociaux universels : respect de l’intégrité de la Création, réduction de la pauvreté, équité Nord-Sud....
Les questions écologiques, économiques, sociales sont des aspects d’un même désordre. Justice, adoration et respect sont à l’ordre du jour : « choisis la vie » nous dit le Dieu de l’alliance. Soyons « co-créateurs », partenaire de ce Dieu Vivant.
Risquons l’aventure de 4 journées de retraite selon la pédagogie des Exercices de St Ignace. Venons nous abreuver à la source qui fait vivre. Entrons plus avant dans ce dynamisme mobilisateur de l’Amour.
Ces journées comporteront :
 * des temps de prière ensemble
 * des enseignements et des indications pour la prière personnelle.
 * des partages de prière en groupe
 * un accompagnement personnel.
Ces journées s’adressent à tous, particulièrement aux membres de l’atelier CVX CCC, qu’ils aient déjà participé à une retraite ignatienne ou non.

C. Quelques mots de Jean-Pierre Guérend membre de CVX et de Pax Christi
Chers amis de la CVX,

Membre de la CVX je suis aussi depuis fort longtemps à Pax Christi (PX), mouvement catholique international pour la paix qui a beaucoup semé depuis les années 50 : le développement, l’Europe,la sauvegarde de la création....
Voici quelques informations sur ce que PX fait actuellement ... en particulier dans l’écologie....

  • Nous avons organisé depuis 20 ans de nombreux colloques sur la défense de la nature qui ont donné lieu à des publications qui font autorité.
  • Les évêques nous ont confiée leur antenne « création et modes de vie ».
  • nous avons donné notre contribution dans le livre vert des Assises Chrétiennes de la Mondialisation aux quelles nous participons depuis le début : nous étions dans 5 ateliers au Synode de Lyon.
  • PX vient de rédiger un document sur Paix et Droits humains avec le CCFD et un projet est en cours avec le Secours Catholique.
  • Nous menons une action auprès des jeunes : Concours pour les jeunes l’Europe et la paix.
  • Nous sommes allés à une réunion internationale à Metz les 22 et 23 octobre qui rassemblera les sections allemande, luxembourgeoise et française de Pax Christi - présent dans une cinquantaine de pays - sur « l’Europe de la Défense et l’Europe Sociale ».
  • Enfin, nous vous convions dès maintenant à notre Congrès de Mars prochain : « L’Europe se laisse interroger par l’Afrique, le Moyen Orient et les Etats Unis »..

Informons-nous les uns les autres. Nous ne serons jamais trop nombreux pour travailler sur toutes ces questions dans un esprit de confiance et de complémentarité...
Amicalement, Jean Pierre Guérend

D. Innovation intéressante signalée par Alfred de Romemont

Je fais la pub pour un dossier réalisé, par un ami Yves Lubraniécki, qui vaut le coup d’être regardé. C’est une réflexion bien documentée sur la place à accorder aux énergies de substitution au pétrole. Je trouve que son coup de gueule demande à être lu et transmis.
L’introduction est disponible ci-dessous et le texte intégral de 500 k0 en PDF est disponible à :
http://cvxccc.free.fr/Doc/ENERGIEETDEVELOPPEMENT.pdf

Nous sommes en train de rejeter dans l’air – en moins de deux siècles – le carbone que les plantes ont fixé pendant 300 millions d’années pour faire les trois combustibles fossiles : le charbon, le pétrole et le gaz. Dans le même temps, les pays les plus pauvres n’ont pas accès à l’énergie et ne parviennent
pas à se développer.

D’un côté, aucune des solutions proposées par les responsables socio-économiques mondiaux (politiques, industriels, ONG, etc.) n’est en mesure de supplanter rapidement le pétrole qui est, pour une large part, à l’origine du problème, principalement dans les transports et dans l’industrie. D’un autre côté, si nous gagnons la bataille contre l’extrême pauvreté et pour le développement, nous courons à notre perte car toute amélioration du niveau de vie entraîne une hausse correspondante de la consommation d’énergie fossile et donc des rejets de CO2. Une seule source d’énergie donne des résultats positifs sur les deux tableaux : l’huile végétale pure.

L’utilisation d’une énergie d’origine végétale ne renvoie pas de carbone fossile dans l’atmosphère. Si l’on remplace une partie du pétrole énergétique (fioul, gazole, kérosène) par une huile végétale provenant des pays qui en produisent aujourd’hui puis de tous les endroits du monde où il est possible de planter un oléagineux, les échanges énergétiques mondiaux seront transformés en profondeur et donneront des ressources propres (dans tous les sens du terme) aux pays qui, aujourd’hui, n’en ont pas.

Il faut trois conditions
1. Que ce changement radical soit mené par une collaboration entre :
a - les pétroliers car ils sont les plus qualifiés en matière de carburant (en lien avec les charbonniers et les actuels producteurs et commercialisateurs d’huile végétale),
b - les responsables politiques car ils ont la légitimité d’imposer des solutions et
c - les financiers car ils ont les moyens de financer les investissements nécessaires.

2. Que les méthodes culturales utilisées pour la production des oléagineux fassent appel à un concept d’agriculture durable (c’est-à-dire qui préserve les ressources et
évite les produits chimiques) ou, au minimum, d’agriculture raisonnée (on utilise des produits chimiques, mais seulement quand c’est nécessaire et seulement la quantité nécessaire),sinon, le remède sera pire que le mal.

3. Que la collecte et le commerce des graines d’oléagineux et des huiles soient organisés selon les règles du commerce équitable, sinon le but affiché de développement despays pauvres ne sera pas atteint et les différences ne feront que s’amplifier.
Pour orienter durablement la planète vers cette solution, il faut lancer
dès aujourd’hui un mouvement d’opinion qui génère une pression suffisamment
forte sur les politiques pour qu’ils comprennent que nous ne
pouvons plus attendre.

E. Réflexion sur l’internationalisation de l’Amazonie transmise par Sylvie Noguer
Discours du ministre brésilien de l’Éducation, en visite aux États-Unis
Pendant un débat dans une université aux États-unis, le ministre de l’Éducation Cristovam Buarque, fut interrogé sur ce qu’il pensait au sujet de l’internationalisation de l’Amazonie.

Le jeune étudiant américain commença sa question en affirmant qu’il espérait une réponse d’un humaniste et non d’un Brésilien. Voici la réponse de M. Cristovam Buarque.

"En effet, en tant que Brésilien, je m’élèverais tout simplement contre l’internationalisation de l’Amazonie. Quelle que soit l’insuffisance de l’attention de nos gouvernements pour ce patrimoine, il est nôtre. En tant qu’humaniste, conscient du risque de dégradation du milieu ambiant dont souffre l’Amazonie, je peux imaginer que l’Amazonie soit internationalisée, comme du reste tout ce qui a de l’importance pour toute l’humanité. Si, au nom d’une éthique humaniste, nous devions internationaliser l’Amazonie, alors nous devrions internationaliser les réserves de pétrole du monde entier. Le pétrole est aussi important pour le bien-être de l’humanité que l’Amazonie l’est pour notre avenir. Et malgré cela, les maîtres des réserves de pétrole se sentent le droit d’augmenter ou de diminuer l’extraction de pétrole, comme d’augmenter ou non son prix. De la même manière, on devrait internationaliser le capital financier des pays riches. Si l’Amazonie est une réserve pour tous les hommes, elle ne peut être brûlée par la volonté de son propriétaire, ou d’un pays. Brûler l’Amazonie, c’est aussi grave que le chômage provoqué par les décisions arbitraires des spéculateurs de l’économie globale. Nous ne pouvons pas laisser les réserves financières brûler des pays entiers pour le bon plaisir de la spéculation. Avant l’Amazonie, j’aimerai assister à l’internationalisation de tous les grands musées du monde. Le Louvre ne doit pas appartenir à la seule France . Chaque musée du monde est le gardien des plus belles oeuvres produites par le génie humain. On ne peut pas laisser ce patrimoine culturel, au même titre que le patrimoine naturel de l’Amazonie, être manipulé et détruit selon la fantaisie d’un seul propriétaire ou d’un seul pays.

Il y a quelque temps, un millionnaire japonais a décidé d’enterrer avec lui le tableau d’un grand maître. Avant que cela n’arrive, il faudrait internationaliser ce tableau. Pendant que cette rencontre se déroule, les Nations unies organisent le Forum du Millénaire, mais certains Présidents de pays ont eu des difficultés pour y assister, à cause de difficultés aux frontières des États-Unis. Je crois donc qu’il faudrait que New York , lieu du siège des Nations unies, soit internationalisé. Au moins Manhattan devrait appartenir à toute l’humanité. Comme du reste Paris, Venise, Rome, Londres, Rio de Janeiro, Brasília, Recife, chaque ville avec sa beauté particulière, et son histoire du monde devrait appartenir au monde entier.

Si les États-Unis veulent internationaliser l’Amazonie, à cause du risque que fait courir le fait de la laisser entre les mains des Brésiliens, alors internationalisons aussi tout l’arsenal nucléaire des États-unis. Ne serait-ce que parce qu’ils sont capables d’utiliser de telles armes, ce qui provoquerait une destruction mille fois plus vaste que les déplorables incendies des forêts brésiliennes.

Au cours de leurs débats, les actuels candidats à la Présidence des États-unis ont soutenu l’idée d’une internationalisation des réserves florestales du monde en échange d’un effacement de la dette. Commençons donc par utiliser cette dette pour s’assurer que tous les enfants du monde aient la possibilité de manger et d’aller à l’école. Internationalisons les enfants, en les traitant, où qu’ils naissent, comme un patrimoine qui mérite l’attention du monde entier. Davantage encore que l’Amazonie. Quand les dirigeants du monde traiteront les enfants pauvres du monde comme un Patrimoine de l’Humanité, ils ne les laisseront pas travailler alors qu’ils devraient aller à l’école ; ils ne les laisseront pas mourir alors qu’ils devraient vivre.
En tant qu’humaniste, j’accepte de défendre l’idée d’une internationalisation du monde. Mais tant que le monde me traitera comme un Brésilien, je lutterai pour que l’Amazonie soit à nous. Et seulement à nous !"

F. Livres et films relatifs au développement durable et à la mondialisation commentés par Janine Prost

Mondo Vino (http://www.mondovino-lefilm.com/) : documentaire intéressant quand on s’intéresse à la mondialisation. La manière américaine de travailler fait peur et le contraste est bien rendu avec des personnages terriblement typés.

Planète attitude (http://www.wwf.fr/planete/index.php) : Je croyais en savoir assez maintenant sur ce comportement à avoir, depuis des années que nous nous donnions des tuyaux sur la question. Eh bien j’ai encore appris des tas de petits gestes simples dans tous les domaines, très bien décrits. Et surtout je me suis servie de ce livre très clair et vulgarisateur pour sensibiliser mon entourage en en faisant cadeau à toute occasion.

"le syndrome du Titanic", Nicolas Hulot : L’idée du titre : nous allons à notre perte et nous continuons à vivre comme si de rien n’était. A Johannesbourg, au Sommet de la Terre en 2002, l’auteur avait jubilé en entendant Chirac (qu’il avait conseillé en matière d’environnement) crier "la maison brûle... il faut faire quelque chose !" Hélas rien n’a été fait. D’où sa déception traduite dans ce titre.

Les grandes idées qu’il émet d’abord :
* il y aurait besoin d’une organisation mondiale de l’environnement (ou au moins européenne).
* l’écologie est enfin sortie de son aura gauchissante qui lui donnait une connotation sulfureuse pour les gens de droite.
* nécessité de faire passer le monde d’une croissance quantitative à un développement qualitatif.
* le monde pourrait être autre. A vous de le décider... mais faites vite.
* nous sommes coupables de non-assistance à planète en danger.
* Ce siècle sera écologique... ou nous ne serons plus.
* faire mieux avec moins. Non pas produire plus, mais mieux.
* "le monde contient bien assez pour les besoins de chacun mais pas assez pour la cupidité de tous" Gandhi
* être consomm’acteur
* la civilisation a coupé ses racines avec la Terre.
* le respect du vivant se nourrit aux mêmes racines que l’amour du prochain.
* Théodore Monod :"il ne faut détruire sans raison aucune de ces herbes, de ces fleurs, de ces animaux qui sont tous, eux aussi des créatures de Dieu".
* nous sommes trop débordés (et nos ministres les premiers) et ne prenons pas le temps de la réflexion.
* "vous les occidentaux vous avez l’heure mais vous n’avez pas le temps".

Beaucoup d’exemples de ce qui ne va pas :
* beaucoup de paradis sur terre sont devenus des poubelles.
* l’OMS a compté 150.000 morts dus à l’effet de serre en 2000.
* le professeur Belpomme dénonce les pollutions cause de cancers dans son livre : "ces maladies créées par l’homme".
* le budget annuel du Ministère de l’Environnement est égal au prix du désamiantage de Jussieu !
* en 1800 3% de l’humanité vivait en ville. Maintenant c’est 50%.
* les labours fréquents et profonds sont responsables des émissions de CO2 séquestrés dans le sol.
* l’irrigation assèche les nappes phréatiques (ex la mer d’Aral).
* une salade produite en serre produit une calorie de nourriture, alors qu’elle a coûté 500 calories en fuel. Le paysan primitif, lui, avec une calorie investie (son énergie musculaire), obtient de 5 à 50 calories alimentaires.
* la mécanisation a rendu l’agriculture la plus grande consommatrice d’énergie fossile.
* la France est le 3e utilisateur mondial de pesticides.
* le bouquetin des Pyrénées a été rayé des vivants en 2000.
* le changement climatique qui fait fondre la banquise au Groënland va provoquer la disparition des ours qui ne vont plus trouver leur nourriture ,et que deviendront les Inuits qui ne pourront plus chasser sur la glace ?
* chaque année 11 millions d’hectares de forêts sont détruits sur la planète.
* le barrage d’Assouan a provoqué une salinisation trop forte de la Méditerranée.
* le carburant utilisé pour les avions est le seul à ne pas être taxé. Et les émissions polluantes des avions ne sont pas comptabilisées parce qu’on ne sait pas à qui les affecter (le pays d’origine ? de destination ? celui du propriétaire de la compagnie ?).

Mais aussi des signes positifs :
* des hommes aux actions efficaces : Gorbatchev qui a fermé 1.300 usines polluantes, a créé une association de sauvegarde de l’environnement : "la croix verte" et écrit un livre : "mon manifeste pour la Terre".Pierre Rahbi qui, en Ardèche, applique des techniques d’agiculture ancestrales, fonde une association : "oasis en tous lieux", qui promeut le retour à une terre nourricière et la reconstitution du lien social et écrit un livre :"parole de terre", plein de sagesse.
* la partie recyclable d’une auto était nulle il y a 20 ans ; maintenant c’est la presque totalité du véhicule.

Conclusion : il nous faut nous atteler de toutes nos forces à l’insurrection des consciences ; changeons notre regard sur le monde et faisons naître une nouvelle espérance.

"Mal de Terre", Hubert Reeves avec Frédéric Lenoir : En un long état des lieux, sont dénoncés tous les dégâts faits à notre Terre.L’inventaire en est complet et circonstancié... et je regrette que les solutions pour éviter le pire soient à peine effleurées.
 
J’ai retenu des précisions que j’ignorais... Vous, lecteurs de ce résumé, les savez déjà. Mais j’ai envie de les noter quand même :
* Sous le permafrost se trouvent de grandes quantités de méthane, gaz à effet de serre 70 fois plus puissant que le CO2. La banquise fondant, voilà ce qui nous attend. Le CO2 dégagé restant déjà 120 ans dans l’atmosphère, la situation est bien grave.
* Le trou dans la couche d’ozone est dû notamment aux CFC . Ils ont été interdits en 1987 par 187 pays... Hélas pas par la Chine et l’Inde.
* La solution contre les pluies acides a été trouvée en 1990 grâce à un filtre... Mais cette mesure n’est pas appliquée en Chine.
* Au Sud de l’océan Indien, un "nuage brun" stagne, venant de la Chine.
* Après le 11 septembre 2001, quand les avions ont été cloués au sol, la pollution a été tout de suite atténuée. La crise du pétrole en 1973-74 a été salutaire de ce point de vue.
* L’auteur est contre le nucléaire parce qu’il présente trop de risques d’erreurs humaines (ex Three Mile Islands et Tchernobyl) et des cibles pour des terroristes. De plus il faut un siècle entre la construction et la destruction d’une centrale et au total le nucléaire coûte donc très cher.
* En 2001 on a dépensé en France 40 millions d’euros pour le renouvelable... et 443 millions pour le nucléaire !
Les plantes traitées aux nitrates n’absorbent que 10% de l’azote... et le reste va dans l’atmosphère.
* Les mines anti-personnelles font une victime toutes les 20 ’’ et leurs contenus répandent des substances hautement toxiques. Il en coûte 3 dollars pour en fabriquer une... mais 100 à 300 dollars pour la faire disparaître !
* Les armes chimiques et bactériologiques sont une terrible menace et l’on sait que 40.000 tonnes de combustible irradié stagnent dans les épaves russes de la mer de Barents.
* L’auteur essaie d’obtenir qu’on ne mette plus de plomb dans les cartouches.
* Il souhaiterait une "déclaration des Droits des animaux".
 
Quelques solutions : brûler les ordures ménagères ; utiliser le colza comme biocarburant ; installer des panneaux solaires... Mais jouent contre : le NIMBY (not in my backyard) et le NIMTO (not in my term office), c’est à dire : pas chez moi et pas pendant mon mandat.

Il reconnaît quelques actions engagées, telle la circulation des autos à Curitiba au Brésil. ; le développement d’une économie verte ; l’éco-tourisme.
 
De belles photos originales et combien parlantes.
 
Ses souhaits : (comme Jean-Marie Pelt) un droit d’ingérence écologique ; que l’on développe une mondialisation de l’écologie capable de s’opposer à la mondialisation de l’économie.

Soyons conscients, écrit-il, de la portée cosmique de la crise que nous traversons. Réagissons... et vite !

"Sauvez cette planète, mode d’emploi", Dominique Glocheux : Ce livre, très positif, dénonce ce qui ne va pas mais donne plein de solutions pour y remédier : des gestes simples, faciles et concrets.
 
La situation :
Chaque année en France on consomme 4 milliards de bouteilles plastiques, soit 127 bouteilles à la seconde !
Une seule goutte d’huile de vidange peut contaminer 1.000 fois son volume de terre.
Un litre de reste de peinture jeté peut polluer 800.000 litres d’eau potable !
Une pile-bouton peut polluer 100 millions de fois son volume. Sa production use 50 fois plus d’énergie qu’elle n’en fournira.
Le polystirène est 100% non biodégradable.
La production d’une tonne de papier nécessite 20 à 40.000 litres d’eau. Pour la recycler il n’en faut que 8.000.
 
Ce qu’il faut savoir :
* ne jamais brûler de bois peint ou traité
* installer un aérateur sur chaque robinet
* les écrans, quand ils sont plats, consomment 3 à 4 fois moins
* un micro-onde consomme 40% moins d’énergie qu’un four classique
* un gazon de 7 cm retient mieux l’humidité
* acheter moins : louer, emprunter, échanger, partager, réutiliser, réparer, recycler, troquer...
* refuser les sacs en plastique et expliquer pourquoi
* au lieu du papier d’alu ou des films plastiques, utiliser du papier alimentaire biodégradable
* retourner le courrier publicitaire à la poste sans l’ ouvrir et après avoir rayé votre adresse
* acheter des batteries rechargeables.
 
Un peu énervant à toujours évaluer l’impact produit si tout le monde adoptait les gestes qu’il propose (il y en a 512). Et je ne sais si toutes ses évaluations sont exactes. Mais il nous titille bien et je retiens sa formule , que je vous donne en guise de conclusion :
"nous ne sommes pas passagers du vaisseau spatial Terre, nous sommes tous l’équipage"

G. "Vous régnerez sur des tombes", par Dominique Schnaebele
C’est une histoire ancienne que l’on m’a rapportée des quatre coins du monde…

Il était une fois, ou peut-être est-ce arrivé plusieurs fois, un homme riche qui possédait une province entière.
Il existe des riches débonnaires et bons vivants, qui aiment à partager leur bien pour qu’autour d’eux vive la joie.
Mais notre homme ne ressemblait pas à cela. Il était dur et âpre au gain. Dans la région tout le monde le craignait, et cherchait à lui plaire : en se faisant bien voir de lui, on pouvait espérer un travail un peu meilleur.
Mais les gens se trompaient : il ne « voyait bien » aucun d’entre eux, il ne voyait que lui-même.

Peut-être était-il ainsi parce qu’il n’avait pas d’enfant : aucun rire frais, aucun gazouillis, aucune menue bêtise n’étaient venus faire craquer sa carapace.
Les femmes aussi le fuyaient ; celles qui avaient eu commerce avec lui préféraient l’oublier, elles n’en parlaient jamais. Seule demeurait, au fond de sa maison – de son palais devrais-je dire – une servante aussi grise qu’une ombre. Peut-être n’avait-elle nulle part où aller, ou la terrorisait-il suffisamment pour qu’elle ne songe pas à partir…

Une année les récoltes furent mauvaises dans tout le nord de la province.
Lorsque ses greniers furent pleins, l’homme vit défiler tous les fermiers du coin. Ils criaient tous famine, pour eux et leur famille. On aurait dit que l’homme prenait plaisir à les voir se traîner devant lui pour quelques grains de blé.

Le résultat de sa dureté ne se fit pas attendre : dans ce coin-là de la province, les gens se mirent à tomber comme des mouches – les femmes et les enfants d’abord.

Dans toute la province, la rumeur se mit à gronder contre l’homme. Il ne l’entendait même pas, il se disait simplement qu’il aurait moins de gens à payer à la saison prochaine, ce serait toujours ça d’épargné, et ça ne l’empêcherait pas de remplir en premier ses greniers, comme il l’avait toujours fait.

L’année suivante, ce fut la région de sud qui fut touchée – et à nouveau, le défilé de ceux qui lui léchaient les pieds.
Bientôt, tous les villages se transformèrent en cimetières. La province devint un désert traversé quelquefois par des voyageurs curieux qui ne s’attardaient pas.

Dans sa province, l’homme et ses greniers pleins finirent pas régner seuls.

Au début, il trouva reposant de ne plus avoir chaque jour quelqu’un qui réclamait.
Mais peu à peu, le silence se mit à lui peser. Il se prit un jour à regretter le défilé des mendiants ; il se mit même à parler à sa servante, mais elle se gardait bien de lui répondre.
Pour remplir l’air de sons, il voulut faire venir des musiciens. Il n’en trouva pas un – ni dans sa province, bien sûr, d’où l’art s’était échappé depuis belle lurette, ni au delà de ses frontières, car sa réputation l’y avait précédé.

Il se mit à maudire le silence, à manger trois fois plus et à parler tout seul. Il devint énorme.
Un jour qu’il lisait à haute voix l’état de ses stocks, il fut interrompu par un chef de caravane qui cherchait un lieu où s’installer.

L’homme y vit une bonne occasion de ne plus s’ennuyer à régner sur lui-même. Et puis il commençait à se fatiguer de chercher, chaque année, des miséreux du monde entier qu’il payait trois fois rien pour récolter son blé, et qui repartaient chez eux aussitôt qu’ils pouvaient.
Le chef de caravane était un chef, précisément. Il ne comprit pas spontanément ce qu’attendait l’homme qui régnait sur toute la province : qu’il lui lèche les pieds.
Quand l’homme lui commanda d’accepter son vouloir, le chef cracha devant lui et tourna les talons.
Le lendemain, la caravane était partie.

Comme rien n’était nouveau sous le soleil, l’homme se remit à s’ennuyer – à s’ennuyer deux fois plus après qu’une colère noire l’ait saisi : non seulement ces moins que rien, ces vagabonds n’avaient pas profité de l’hospitalité qu’il était prêt à leur offrir – non, à leur vendre, plutôt -, mais sa servante avait profité du passage de la caravane pour s’enfuir elle aussi.

Il dut apprendre à se faire à manger. Comme il n’était pas très doué pour varier les menus, il se mit bientôt à haïr le blé qu’il mangeait tous les jours ; il en vint même à haïr ses stocks – mais il n’avait personne à qui s’en plaindre.

Il se mit à attendre impatiemment qu’une nouvelle caravane passe, se promettant, cette fois, de s’obliger à se montrer plus accueillant.

Il attendit longtemps, tellement longtemps qu’il finit par ne plus attendre.

Et puis un jour, au réveil, ce qu’il vit le sidéra : tout autour de son palais, des tentes et des cabanes bâties en une nuit ; partout, des gens qui s’affairaient, des outils dans les mains ; des enfants se poursuivaient, des femmes chantaient sur les chemins.

L’homme se frotta les yeux, déboucha ses oreilles ; le mirage était toujours là.
Alors il voulut sortir pour accueillir dignement ces gens, et pour leur rappeler que c’était lui qui régnait sur toute la province. Il mit ses plus beaux vêtements, descendit l’escalier monumental, ouvrit – non, secoua la porte : impossible de sortir, il était enfermé.
Alors une voix s’éleva du dehors ; c’était la voix de sa servante, mais il ne risquait pas de la reconnaître : il ne l’avait jamais entendue.
Cette voix lui disait que désormais, la province appartiendrait à ceux qui l’habiteraient, qui la travailleraient pour en récolter les fruits. S’il voulait travailler avec eux, il était le bienvenu ; s’il ne le voulait pas il mourrait seul dans son palais.

L’histoire ne dit pas ce que finit par choisir l’homme.
On m’a seulement rapporté que, sur la fin de sa vie, depuis la fenêtre de sa chambre, il aimait écouter les mélopées des femmes et le rire des enfants.

DS, septembre 2004