Pour cette chronique de début d’année, je voulais vous parler d’un personnage bien singulier : Pierre Rabhi.
Ce petit homme sec de 71 ans est né dans une oasis algérienne. Adopté par un couple de Français, il revient en France vers l’âge de 20 ans, travaille en usine puis décide d’aller s’installer avec sa femme en Ardèche parce que ses terres arides n’étaient pas chères. Je le cite :
« Nous avons tout quitté pour venir nous installer ici. Je n’avais jamais entendu parler d’écologie, mais face à tant de beauté, je ne me voyais pas utiliser des pesticides ni des engrais chimiques. C’est beaucoup plus tard que j’ai mis un discours théorique derrière cette démarche presque instinctive. Nous en avons bavé pour élever nos 5 enfants dans ces conditions…mais petit à petit, nous y sommes arrivés et des gens ont commencé à s’intéresser à nos méthodes. Puis on m’a demandé d’intervenir au Sahel, j’ai écrit des livres, créé des associations. »
Pierre Rabhi, vous l’avez compris, est le théoricien d’une agriculture douce : l’agro-écologie. C’est aussi un « sage », pétri de spiritualité, qui parle de son choix de vie qu’il nomme « sobriété heureuse » : « C’est la recherche de la modération dans une société globalisée fondée, elle, sur l’avidité. Aujourd’hui encore, en pleine crise économique, on s’acharne à perfuser des milliards pour faire croire que seule la consommation peut sauver le monde. C’est un leurre. Depuis des années, nous avons fondé notre système économique sur des principes erronés : l’ « avoir » plus que l’ « être », l’accumulation des biens plus que le partage avec les hommes.
Alors que les besoins naturels de la majorité des habitants de la planète ne sont pas satisfaits- se vêtir, se nourrir, se loger-, une minorité a érigé son mode de vie- le luxe, le gaspillage, le superflu- en un idéal de société…..moi, ici, en Ardèche, je suis heureux de ne pas être possédé par les choses que je possède. »
Face à cette recherche sans limites de superflu, il propose la sobriété heureuse où l’on prend plaisir à consommer selon ses besoins, car la joie ne s’achète pas. On peut redécouvrir ainsi que l’être humain ne se résume pas à une machine à consommer, à produire, à gagner de l’argent.
Ses résultats sont reconnus : il est spécialiste de la lutte contre la désertification auprès de l’ONU, il anime des stages de formation au Sénégal, au Mali, au Niger, au Maroc. Dernièrement, Daniel, le patriarche de Roumanie, a fait appel à lui pour convertir les 400 monastères orthodoxes roumains au bio.
Pour Radio Présence