Aujourd’hui, à l’approche de la quinzaine du commerce équitable, je voudrais donner la parole à Tristan LECOMTE, jeune PDG de la société ALTER ECO qu’il a créée il y a une dizaine d’années.
« La quinzaine du commerce équitable a lieu chaque année début mai, depuis près de 10 ans. Elle a eu le mérite de faire connaître ce mouvement au plus grand nombre, la notoriété du CE est ainsi passée de 10 à 90% en l’espace de 7 ans en France et les ventes ont commencé à décoller.
En concentrant l’effort de communication de tous les acteurs sur une même période, les médias relaient massivement l’information et le concept émerge. Néanmoins, il ne faut pas que la concentration des moyens à cette période nous fasse oublier l’impérieuse nécessité d’agir tous les jours de l’année pour les petits producteurs du commerce équitable. Ces petits producteurs sont plus de 1 Milliard sur Terre. Ils représentent avec leurs familles plus de 4 milliards d’individus, soit plus des 2/3 de la population mondiale.
Le CE qui entend participer à leur développement n’est donc pas un épiphénomène, mais bien un enjeu majeur, tout comme le changement climatique. Pour l’instant, le CE n’aide qu’un million de ce milliard d’agriculteurs, soit à peine 1 sur 1000.
Il ne faut pas parler et acheter équitable 1 seule fois par an, mais bien tous les jours de l’année car les conditions du commerce international sont totalement injustes au quotidien pour ces producteurs oubliés du système. Ces petits producteurs ne reçoivent comme rémunération en moyenne que 30 à 50% du coût réel de production de leur produit, ils sont surexploités et sans aucun moyen pour faire face à ces inégalités : pas de moyens financiers, de communication, pas de formation ni même de terre pour certains. Ils gagnent en moyenne 200 à 500 € par an, dans des sociétés de plus en plus ouvertes aux marchés mondiaux et où les prix flambent.
C’est pourquoi l’enjeu est à présent d’intégrer l’achat équitable au maximum comme un achat de tous les jours, un acte d’achat banal et non pas exceptionnel, une fois l’an, lors de la quinzaine du commerce équitable. Il en va de la cohérence du mouvement et de la survie de ces familles. On a souvent tendance à minimiser ou ostraciser les mouvements comme l’agriculture biologique ou le commerce équitable, peut-être parce qu’on se culpabilise. On préfère croire en effet que ces systèmes sont marginaux, bancals, voire douteux.
Non, l’agriculture biologique, c’est tout simplement la manière la plus naturelle de produire nos denrées alimentaires, et le commerce équitable la manière dont nous aurions toujours dû faire du commerce, par respect pour la Nature et les Hommes (…) Nous avons perdu ces notions au profit d’un égoïsme sans borne et d’un développement aveugle et sans perspective. Il ne s’agit pas de s’en affranchir 15 jours par an, mais de changer radicalement notre vision et nos actes de tous les jours. Pour notre propre bien-être, celui de la Planète et surtout celui de nos enfants. »
(CE = commerce équitable)
Pour Radio Présence