Notre société de plus en plus urbanisée nous a éloignés de nos liens à la terre.
Pierre Rabhi, agroécologiste, nous rappelle ce qu’est la terre. Je cite :
« La terre nourricière est, parmi les 4 éléments majeurs, celui qui n’a pas existé dès l’origine. Il a fallu des millénaires pour que la mince couche de terre arable d’une vingtaine de centimètres à laquelle nous devons la vie puisse se constituer.
Univers silencieux d’une extrême complexité, siège d’une activité intense générée par des micro-organismes, levures, champignons, vers de terre, …elle est régie par une sorte d’intelligence mystérieuse et immanente. C’est dans ce monde discret que s’élaborent, comme dans un estomac, les substances qui permettront aux végétaux de se nourrir, de s’épanouir pour se reproduire, et c’est aux végétaux que les humains et les animaux doivent leur survie. Il est donc urgent de reconnaître que la dénomination « terre-mère » n’est pas une métaphore symbolique ou poétique, mais une évidence objective. »
Les terres émergées ne représentent que 25% de la surface du globe.
Et seulement 7% de ce quart peuvent être utilisés pour l’agriculture. Or, sous l’effet de l’érosion, des déforestations massives, de la mécanisation mal appropriée, de l’usage intensif de la chimie, ces 7% se réduisent comme une peau de chagrin.
L’humus, cette terre végétale superficielle créée et entretenue par la décomposition de la matière organique, s’il est enfoui par des labours profonds ou asphyxié par des inondations durables, se dégrade.
? C’est donc pour cela que des agronomes, aujourd’hui, déconseillent les labours qui enfouiront l’humus et favoriseront l’érosion.
? C’est donc pour cela que les produits chimiques sensés détruire les herbes indésirables détruisent aussi toute cette vie microscopique (micro-organismes, champignons, vers de terre) si utile pour une terre vivante.
? C’est donc pour cela que tous ceux qui en ont la place sont invités à faire leur propre compost qui va redonner à la terre une nourriture.
J’ai trouvé chez Pierre Rabhi encore cette image :
« Dans les terres arides, le sol est dans la situation de quelqu’un qui aurait été soigné aux antibiotiques et dont la flore intestinale serait complètement détruite. Que dit le médecin dans un tel cas ? Il dit qu’il faut prendre des yaourts et des levures pour réensemencer cette flore intestinale.
C’est exactement ce que fait le compost, il réensemence. Il n’est pas seulement un produit fertilisant, il est aussi un ferment bactérien qui remet en route le métabolisme du sol, qui lui redonne son dynamisme. »
PS : à noter que Pierre Rabhi est expert international pour la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification et qu’il participe à des programmes sous l’égide des Nations Unies.
Pour Radio Présence