9 janvier 2010, rencontre nationale de l’atelier CCC
Thème : une espérance à recevoir et à partager
Se présentant d’abord, il précise qu’il est prêtre depuis 1975 et évêque depuis 1999, puis nous annonce la bonne nouvelle : l’antenne « modes de vie et environnement » devient une pièce maîtresse de l’Eglise car le développement durable et l’écologie sont désormais, sous la présidence de Mgr Stenger, un département de l’antenne « économie et société ». A Lourdes l’écologie et le l’environnement ont été choisis comme sujet de l’année .
Abordant le sujet de l’engagement des chrétiens dans ces problèmes majeurs que sont la pollution de la planète et le changement climatique, il constate que le processus de prise de conscience est fait et, quoi qu’on en dise, à Copenhague la question a été prise au sérieux.
Un regard chrétien, qu’est ce que ça nous apporte ?
La Bible nous définit comme gestionnaires et non propriétaires. Autrefois, la nature était hostile et l’homme devait y faire sa place. Maintenant nous devons agir avec humilité, fixer des limites car les biens de la nature sont fragiles. Soyons les soignants attentionnés d’une planète malade... à cause de nous.
Les signes des temps nous obligent actuellement à la solidarité universelle.
La Création appartient au créateur, pas à nous. L’homme est placé dans le jardin de Dieu et l’arbre de vie est à Dieu. L’homme et la nature sont indissociables et il faut se préoccuper de l’homme (individuel et collectif) et de la nature ensemble. Exemple : « rendre l’âme » c’est restituer le cadeau de la vie.
– Selon la volonté de Dieu, nous devons vivre comme des frères et nous avons un devoir de partage équitable (cf Gaudium et spes par. 69) qui concerne tous les hommes et tous les biens.
– Soyons des gestionnaires inventifs et créateurs. Ayons une gestion active : l’homme doit avoir une collaboration dynamique. Citant la Genèse : « et Dieu vit que cela était bon », comme Dieu a aimé ce qu’il a fait, ayons aussi de l’amour pour la nature. Participons à l’amour créateur de Dieu. Le plan providentiel de l’histoire est un plan d’amour.
– Perspectives : quand la planète n’était pas en danger on ne se posait pas de questions car on avait une notion de l’infini des possibilités. Au début du 20e siècle, quelques scientifiques ont fait des constats alarmants mais ils étaient rares. St François avait aussi proposé des choix, dans un sens spirituel. A nous d’agir... par peur ? ... en scientifiques ?... plutôt au nom de notre foi en Dieu créateur et en l’homme participant à cette création. Ayons cette exigence constante (même en imaginant une prospérité revenue). La dernière encyclique le redit : l’homme et la nature sont inséparables.
– Notre foi doit être de croire qu’une situation n’est jamais irréversible. Paul 1 cor I 15-20 : réconcilier toutes choses. Le royaume est ici et maintenant et nous en sommes responsables. Il se construit maintenant et il existe toujours un lendemain. Le rationalisme a donné à l’homme un ego surdimensionné et cela n’avait rien de chrétien. A nous de réinscrire Dieu au coeur de la question. Dans la recherche écologique il y a un partenaire important : Dieu. Il nous faut trouver non seulement des solutions techniques mais des solutions qui touchent le coeur de l’homme. Ainsi cela transformera notre être au monde, notre vie. Nous ne serons plus des propriétaires mais des gestionnaires qui ont des comptes à rendre. Sachons que l’homme n’est pas omnipotent.
– Notre attitude à avoir : changeons d’abord nos comportements. Articulons ensemble les notions de liberté, responsabilité et solidarité. Il n’y a pas de solidarité sans partage ; de liberté sans responsabilité ; de solidarité sans justice. Face au consumérisme pratiquons la frugalité... mais à condition de partager avec les plus démunis : se resreindre ça ne suffit pas. Considérer la situation actuelle comme une grande chance car l’homme n’a jamais eu autant de pouvoir et en associant les données il peut se préparer à ce qui va arriver. Il nous faut saisir toutes les chances pour éviter la catastrophe. Désormais, mettons nos comportements en cohérence, retrouvons les valeurs qui donnent sens à notre vie. Donnons à l’homme un avenir.
Echanges avec les participants :
– Comment partager ces attitudes avec les non chrétiens ? D’abord, faire la différence entre posture et attitude. Avoir foi en l’avenir chacun est capable de l’entendre. Chacun a un rôle à jouer : c’est ensemble que l’on changera le monde et le problème a une dimension collective. Avec les non chrétiens on peut dire que les sources nous séparent mais l’avenir nous réunit. Annonçons ce que les sources nous apportent (mais ne leur annonçons pas nos sources). Que notre foi se traduise en actes concrets et pour cela il nous faut intégrer ce à quoi nous croyons. Que notre exemplarité parle pour nous.
– Les bouddhistes aussi ouvrent leur coeur par la compassion. Oui, il y a là une dimension humaine qui est proposée à tous les hommes de bonne volonté.
– Pourquoi la parole de l’Eglise n’a pas été entendue à Copenhague ?
D’abord parce que la politique a dominé tout le reste ; les papes sont reconnus comme ayant donné leur point de vue (le message du 1er janvier 2010 est arrivé à Copenhague à temps) mais il faut admettre que l’Eglise institutionnelle s’est convertie récemment ; le problème est moral et éthique : il s’enracine dans une foi. Et cette éthique a besoin de développements : on n’en est qu’aux débuts ; _le pape n’était invité à Copenhague que comme observateur et il a été représenté, sans plus.
– Comment l’Eglise a-t-elle réagi à la proposition du COE de sonner les cloches pendant Copenhague ? Mgr Stenger n’a pas demandé à ce que cela soit appliqué parce qu’il aurait alors fallu expliquer la démarche symbolique. Sans prévenir, cela pouvait sonner comme le tocsin.
Est rappelée la phrase de Michel Serres : on a oublié d’inviter la terre à Copenhague.
– Bien noter que la terre elle même n’est pas menacée : c’est la fine couche d’atmosphère grâce à laquelle l’homme vit qui est menacée.
– Que dire à ceux qui affirment que c’est la surpopulation qui menace la terre ? Répondre que c’est seulement un problème de répartition : à nous de faire en sorte que les ressources soient partagées.
– Tout ce qui est évoqué ici semble de l’utopie par rapport à ce qui se vit dans les grandes boîtes. Répondre aux dirigeants d’entreprise que faire quelque chose pour la terre maintenant coûtera moins cher que d’attendre. Soyons des contradicteurs et prônons les technologies vertes pour être en cohérence.
– Par rapport à l’argent nous avons à poser des actes prophétiques en respectant des règles, en sachant choisir et agir. Mgr Stenger signale à ce propos que les diocèses sont invités à participer au fonds de placemant ETHICA. Cf l’encyclique et ce qui y est dit sur la gratuité.
– Devant les experts européens de l’agriculture, oser affirmer dans les réunions que des progrès sont possibles. Et Mgr Stenger affirme qu’il constate en effet une évolution considérable dans les discours.
– Ne pas oublier aussi, en toute occasion, de s’exprimer auprès des députés et sénateurs : c’est en voyant les réactions de leurs électeurs qu’ils réagissent et font des propositions.
– Agir aussi dans nos familles et surtout, expliquer pourquoi on agit ainsi : parce que c’est dans une perspective d’avenir. Donner à espérer.
– N’attendons pas une injonction pour nous mettre en chemin : même si l’Eglise ne nous parle pas, l’Evangile nous parle.
– Edgar Morin a écrit « croire à l’improbable ». L’écologie réconcilie la science et la foi.
– Même si le bio est plus cher, pratiquons le... ainsi les prix baisseront.
– Est signalé le festival des films écologiques : on y voit plein de témoignages et d’’initiatives personnelles dans le monde.