Voici le texte de l’Abbé Roland Delplanque médité lors de la messe au cours rencontre nationale de l’atelier en Février 2009 :
DECREATION
Un soir, un matin
La terre foisonnait de formes admirables et toutes pleines de vie,
Elles tournaient dans la lumière
Et l’esprit destructeur de l’homme était sur elles qui couvait le feu
Et l’homme dit « que la malice soit, et la malice fut
Et la malice fut appelée Intelligence et savoir-faire ; et l’intelligence stupidité.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le 7e jour.
Un soir, un matin
Qu’il y ait division entre Celui d’en haut et ceux d’en bas,
Des frontières et des limites entre les peuples et les hommes
Et l’homme appela la division ordre et les limites protections.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le 6e jour.
Un soir, un matin
Que puissances et richesses s’amassent en un même lieu
Que le besoin comprime et pousse à la besogne
Et l’homme appela civilisation l’amas des richesses
Et matières premières l’ensemble des services.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le 5e jour.
Un soir, un matin
Qu’il y ait sciences et connaissances pour illuminer la civilisation
Et ranger toutes choses, animées ou inanimées, naturelles et humaines,
Afin que les lois soient pour ceux qui gouvernent
Et le profits pour ceux qui possèdent.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le 4e jour.
Un soir, un matin
Que la puissance engendre des armes, la richesse des machines
Pour régner dans les hauteurs des cieux et sonder la profondeur de la mer, explorer l’étendue.
A l’ensemble de la création l’homme dit :
Croissez et multipliez, remplissez les eaux, la terre et le ciel de vos éclats.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le 3e jour.
Un soir, un matin
Et la terre fut envahie de machines roulantes et de machines rampantes
De machines de vitesse, de machines de travail et de machines de guerre.
Et l’homme trouva que tout cela était bon.
Maintenant, dit l’homme, faisons l’Homme à l’usage de notre puissance afin qu’il domine sur tous les poissons de la mer, sur tous les oiseaux du ciel, sur tout animal qui bouge sur la terre, sur tout humain portant étincelle d’intelligence.
Et l’homme créa l’Homme à son image, il le créa Homme et Machine et il dit « voici, je te donne tous les peuples pour qu’ils te servent de ressort et d’armature. »
Tout besogneux, tout innocent je te le donne pour qu’il prenne la raideur coupante d’une pièce de métal jusqu’à ce que, mordu par d’autres roues dentées, il tourne et rende.
Et l’homme vit l’Homme qu’il avait fait : et voici que cet Homme était plus beau, plus grand, plus fort que lui. Il tomba la face contre terre et adora son image exaltée à la mesure de sa puissance et il s’anéantit devant elle.
Et il en fut ainsi.
Ce fut le second jour.
Ainsi furent achevés les cieux et la terre et toute leur armée.
Et l’homme, fatigué, voulut se reposer de ses oeuvres...
Mais une déflagration gronda dans les abîmes, un nuage rouge et blanc s’éleva, un grand mugissement passa dans le vent.
Et la terre se fit informe et vide, et l’étendue sombra dans le néant.
Il y eut un soir...mais il n’eut plus de matin.
Diffusé avec l’aimable permission de l’auteur