20 janvier 2009
Dans le cadre de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la communauté paroissiale de Bailly, Noisy le Roi et Rennemoulin a planifié une soirée consacrée à la création. Cette soirée a été organisée par le CCFD, le Secours Catholique, Vie Chrétienne et fut œcuménique. Le but était de sensibiliser la communauté aux problèmes d’environnement, d’écologie et de développement dans une perspective chrétienne qui englobe autant les aspects théologiques que pratiques.
Père Marc Antoine Costa de Beauregard, archiprêtre orthodoxe
Son exposé va commencer à partir de la liturgie le fondement étant les bases de données révélées. Le mouvement écologique est en fait une réponse à l’appel de Dieu qui nous sollicite. Nous témoignons de l’action de l’Esprit Saint dans le monde et de l’apparition de l’écologie dans notre monde. En tant que chrétien nous ne devons pas avoir de complexe d’infériorité car il y a bien longtemps que l’écologie est prônée dans la doctrine chrétienne et qu’elle est passée dans les faits avec le scoutisme.
L’homme est créé à l’image de Dieu cela est à la base de la contemplation. Il y a une affinité naturelle entre Dieu et l’homme ce qui entraine une responsabilité de l’homme face à la création, œuvre de Dieu. Le monde n’est pas un objet, ni une chose, mais elle est confiée à l’homme.
Par ce don l’homme doit exercer sa responsabilité on définit le caractère responsable de l’homme face à la création dans 3 dimensions :
Sacerdotale
Royale
Prophétique
Le roi est responsable de tout, il y a un caractère christologique de cette responsabilité, la gestion au sens biblique touche à la consécration de la vie. Si l’homme touche à la création il engage sa vie.
Le pontife est celui qui établit des liens entre la création et Dieu (cf. ; Maxime le confesseur). On offre à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Le prophète voit les desseins de Dieu sous l’action de l’Esprit. Il voit les desseins de Dieu sur ce monde et il a des idées divines sur la création en discernant les signes. L’écologie valorise l’être humain en tant que tel, ne pas idolâtrer la nature, ni la voir comme un démiurge comme les anciens, le monde n’est pas fini.
L’homme apporte des choses nouvelles qui doivent être bonnes, si elles sont mauvaises, il y a perversion. Ainsi le péché est la défiguration de ce programme.
Il faut développer l’homme (éducation, agriculture etc. . ) pour révéler notre image du Créateur, donner à l’homme une valeur exceptionnelle. L’humanisme a appauvri l’homme qui est devenu un objet, le péché est la défiguration du programme, avec l’objectivisation du monde (plantes, animaux, hommes.)
Le monde n’est plus transparent au projet de Dieu, il est devenu un jouet pour l’être humain. Il nous faut retrouver la place de l’homme dans le plan de Dieu.
Pour cela il est bon d’enraciner ce projet dans la vie liturgique : offrande du pain, de fruits, bénédiction de l’eau (la Seine, l’eau qui entre dans chaque maison , bénédiction de la terre, offrir la terre à Dieu, etc..). Cas plus particulier au moment de l’eucharistie où ce qui est à Toi, nous te l’offrons et Dieu va nous le rendre transfiguré par lui-même.
Il y faut une forte implication de la hiérarchie.
A noter qu’en dehors de cet aspect théologique, les orthodoxes sont passés à la pratique dans des monastères, en éduquant les jeunes à l’écologie.
Pour paraphraser le jugement dernier à la fin des temps, Dieu nous posera la question : « Qu’as-tu fait de la création que je t’ai confiée ? » C’est la dimension eschatologique de l’écologie.
Jean Pierre Raffin vice-président de l’Antenne Environnement et modes de vie - Pax Christi
Il fait remarquer comme le Père Costa de Beauregard que l’Eglise catholique n’a pas été en retard pour défendre la création et une économie en accord avec elle.
Ainsi lors d’un colloque de l’UNESCO en 1968 sur l’utilisation des ressources vivantes René Dubost ‘reproche’ à l’homme de ne mettre aucune limite à sa soif de pouvoir. Il recommande la lecture de « l’agriculture en France aujourd’hui » sur la maintenance du vivant, livre essentiel dont la diffusion a été trop restreinte. Il note qu’on devrait parler de développement soutenable traduction de l’anglais ‘sustainable development’. Le progrès de l’homme dépend de sa capacité à vaincre la nature.
Puis on a été défini les grandes lignes de ce que devrait être une réflexion sur l’écologie
Finalité sociale entre la génération actuelle et les générations futures
Prudence écologique qui entraine une limite aux possibilités
Efficacité économique mesurée à l’aune sociale
En 1971 le cardinal Villot remarquait déjà que tout affront à la création est un affront à l’homme.
Avec Jean Paul II il y a une nette inflexion. Dès 1979 il fait de François d’Assise le patron des écolos. En 1990 dans son message de Paix il note que pour sortir de la crise écologique cela nécessite une profonde réflexion et un changement sur notre mode de vie et donc une conversion individuelle.
En 2000 la commission sociale des évêques de France sort un document sur le respect de la création. En octobre 2008 la conférence des évêques de France sort un document sur ‘Agriculture en France aujourd’hui’.
Au début l’homme a vécu avec la création puis il en a fait une chose. Il y a un problème culturel en France dans notre attitude avec l’écologie. A la mort de Jean Paul II aucun journal n’a parlé de ses écrits sur la création et l’écologie alors qu’il en a beaucoup parlé au long de son pontificat.
Il note la nécessité de se convertir, de réfléchir mais aussi d’agir avec les autres pour donner plus de poids et de force. Ainsi des mouvements chrétiens ont lancé depuis quelques années un réseau chrétien environnement pour œuvrer dans le développement soutenable avec des interventions comme : ‘Noël autrement’, ‘vivre l’été autrement’, ‘comment se déplacer autrement’, ‘Arrêtons l’hyper Noël’.
Stéphane Lavignotte, pasteur de l’Eglise Réformée
Il reprend l’écho des précédents intervenants avec qui il est en profond accord.
Il rappelle que Calvin avait écrit que nous étions vicaire de la création, qu’Albert Schweitzer avait écrit en 1918 sur le respect de la vie et qu’en 1976 a été fondé EcoEurope avec J.Ellul et Théodore Monod et les liens qui existent dans ce domaine entre la conférence des Eglises Européennes et la conférence des évêques européens. Il y eut notamment une conférence à Milan qui interpellait les responsables et les députés européens sur ce domaine. Il faut agir directement au niveau local, car la crédibilité des Eglises se joue à ce niveau : investissement et utilisation des ressources.
Ainsi en Allemagne les Eglises ont défini un label « coq vert » pour l’isolation, le chauffage, les déplacements…Il y a un programme ambitieux de réduction de CO2 pour passer à –40% au lieu –20% en 2020. Cela implique la mise en place de programmes au niveau du pays.
En Roumanie les églises installent des panneaux solaires, font l’éducation à l’écologie, achètent localement les produits. Ils en viennent même à payer le curé s’il utilise son vélo au lieu de la voiture.
Le COE organise un système de compensation officiel pour calculer l’impact de leur déplacement et faire une action compensatoire en réparation :
L’Eglise réformée d’Angleterre voit une forte baisse de ses effectifs avec de nombreux temples qu’elle ne peut plus entretenir. Elle a lancé un programme d’éco-congrégation afin de faire des enjeux écologiques un moyen de développement. Chaque paroisse fait des petits projets pour faire passer peu à peu l’idée de la création : éclairage, catéchisme, communauté, éducation. Les actions se développent selon trois axes : théologiques (prière intercession) pratique et au niveau du quartier.
Au pays de Galles 150 paroisses font ce programme et 180 en Angleterre.
En Suisse les Eglises ont sorti un document sur l’œcuménisme et l’environnement, qui suppose de se rapprocher des S.D.F. et leur permet aussi de prendre position sur les questions écologiques.
Quelques questions et réponses.
– le mal que JB Say a fait en affirmant en 1803 que les ressources naturelles étaient inépuisables
– en 1970 le document "les limites de la croissance"a été mal traduit par « halte à la croissance » d’où le malentendu avec la notion de progrès.
– le rôle des Eglises au Grenelle de l’environnement : elles ont été reçues avant le début du processus ... Quant aux retombées du Grenelle, attendons de voir les décrets d’application.
– Le pasteur Lavignotte. affirme qu’en matière de bâtiments on peut faire de grandes avancées sur le développement durable.
– La Maison Verte, paroisse du pasteur, sert de relais pour des paniers bio et une AMAP.
– Ne pas hésiter à écrire aux journaux, à la radio, à son député pour faire avancer.
– Faisant remarquer que les intervenants étaient tous des hommes, de même que les participants posant des questions... il a quand même été admis que les deux sexes avaient leur rôle et que la femme était spécialement proche de la nature et de la création. D’ailleurs une élue locale a enfin témoigné de son rôle en la matière !
Le Père Benoit CHEVALIER, curé de la paroisse, cite St Paul et la création qui gémit encore dans les douleurs de l’enfantement. Le chrétien doit avoir sur la création le même regard que celui de Dieu.
Dans l’élan de la soirée il va demander si on peut mettre des panneaux solaires sur les toits de la paroisse.
Le projet pour le prochain Carême : changer nos cœurs et nous émerveiller devant la création.
A la St Fiacre (patron des jardiniers) au 30 août, proposition de célébrer la création par une procession.
Le 3 mars à l’Ermitage à Versailles « une terre à partager ? Une terre à exploiter ? » avec Mgr STENGER.
Enfin, archi prêtre orthodoxe et pasteur protestant projettent l’an prochain d’aller ensemble bénir la Seine.
Bonne soirée bien équilibrée entre les trois intervenants. On en repart nourris et convaincus, prêts à diffuser ce qu’on a appris !