Ecologie et Christianisme

NOTES DE LECTURE de Pascal Laufer

INTERVENTION DE F.EUVE DANS l’OUVRAGE ECOLOGIE ET CHRISTIANISME
ECOLOGIE ET THEOLOGIE : UNE ALLIANCE SALUTAIRE ET UNIVERSELLE
(Médiasevres 2012 – Ethique n°168)

Le christianisme, « religion de l’Occident », est souvent accusé d’être la religion à l’origine de la technoscience et de sa composante matérialiste.

F.EUVE fait une rapide présentation de l’apparition de l’esprit scientifique au sens moderne du terme depuis la Renaissance, en passant par la Réforme et le siècle des Lumières, puis par la période contemporaine.

Il y a bien une connivence entre une certaine théologie chrétienne et la vision moderne du monde, sous le signe de la science et de la technique. Pourtant certains théologiens réagissent à une théologie devenue « acosmique », bien que de nombreuses figures chrétiennes, comme saint François d’Assise, aient montré une sensibilité au monde naturel. A la figure d’un Dieu à puissance dominatrice et transcendante, doit se substituer un Dieu de communion. L’union des trois personnes de la Trinité préfigure la relation des créatures avec le Créateur dans la réciprocité du don. Le péché est convoitise, désir de posséder au détriment de l’autre pour se « protéger de la mort ». Il conduit à réifier la nature vivante. Il introduit la violence au sein du monde à la place de l’harmonie voulue par le Créateur.

Dans le récit de la Genèse, le 7e jour n’est pas seulement celui du repos (sabbat), c’est aussi le jour où Dieu met un terme, une limite à son œuvre créatrice, afin de laisser place à ses créatures pour poursuivre son œuvre, chacune à sa façon, mais dans le respect de ce principe de limitation.

Plusieurs passages de la Bible attestent d’une communauté de destinée entre les créatures ; dans Exode (EX 20, 10), les animaux doivent profiter du sabbat au même titre que les humains. Idem dans Isaïe 11, 6-9.

A l’image de Dieu relation, l’homme est créé dans la relation, homme et femme. Dieu est tout puissant de relation et d’amour. Il ne crée par le monde par domination mais en lui donnant la liberté et la capacité d’exister et d’agir de façon autonome.

Cette création de l’homme et des autres créatures dans une perspective de communication, invite les créatures à entrer en communion et en communication les unes avec les autres, dans laquelle Dieu serait « tout en tous » (1 Co 15, 28). D’où, d’abords, une communion entre les hommes par le partage des biens.

Or, l’homme est le seul des créatures à pouvoir parler. A cette « élection » par Dieu par le langage, peut être fait le parallèle entre le peuple juif, peuple « élu » mais pas supérieur, et les autres nations. Le peuple juif a pour mission d’amener les autres nations à la communion avec Dieu en témoignant de l’alliance entre Dieu et l’humanité et plus largement sa Création. L’humanité, de façon parallèle, a pour mission d’être l’expression (le défenseur) des autres créatures qui partagent avec lui la même origine et la même constitution, en vivant avec elles cette alliance.

Dans cette mission de poursuite de la Création, l’homme est soumis à deux mouvements : celui qui permet cet accomplissement dans le cadre de l’alliance, et celui qui s’y oppose (le Mal).

Ainsi, la théologie chrétienne ne saurait s’inscrire sans une certaine dimension critique dans la mouvance écologique et un discernement certain :

La soumission et la domination dont il est question dans la Genèse et dans la Bible en général, ne sauraient être pensées au profit exclusif de son bénéficiaire (l’homme), mais plutôt dans une attitude de partage cohérente avec le geste du Créateur. Voir ci-dessus.

Il y a bien dans la Bible une responsabilité propre de l’homme. Une vision purement naturaliste qui ferait de l’homme une composante de la nature serait critiquable du point de vue chrétien.

Mais l’affirmation de cette spécificité de l’homme ne signifie pas la revendication d’un privilège au détriment des autres créatures, avec lesquelles l’homme doit constituer une communion universelle.