Le commerce équitable labellisé (n°49)

L’association Fair Trade-Max Havelaar fête cette année le 20e anniversaire du Commerce Equitable labellisé. Une occasion de faire le point, de mesurer l’impact sur les organisations de producteurs et de mieux communiquer. Puisqu’elle est présente dans 21 pays, des permanents et des bénévoles ont décidé de se rencontrer régulièrement, de partager leurs expériences et de monter des programmes internationaux.

Les Finlandais ont ainsi raconté comment il leur arrivait d’organiser des matchs de football, en calquant les règles du commerce international tel qu’il est pratiqué à très grande échelle, c’est-à-dire de manière inéquitable.

L’équipe A joue avec 10 joueurs. Ils sont chaussés de crampons ; la cage dans laquelle ils envoient le ballon est large. Leur gardien de but est un athlète.

L’équipe B n’a que 5 joueurs, ils jouent en chaussons ; la cage où ils tentent de tirer est si petite que le ballon n’a guère de chance de rentrer. Leur gardien de but est chétif.

Pour couronner tout cela, l’arbitre prend assurément fait et cause pour l’équipe A.

Le jeu commence. Le public non averti s’étonne, essaie de soutenir l’équipe faible puis peu à peu, des spectateurs proposent de changer les règles, interviennent auprès de l’arbitre pour protester contre cette partie injuste, demandent à ce que les équipes soient rééquilibrées.

Et pourtant, dans les relations commerciales internationales, de tels matchs inéquitables existent :

1/ Dans l’équipe A, on peut trouver le producteur de coton des Etats-Unis, cultivant d’immenses propriétés. Il arrose ses champs énormément, répand du défoliant par avion avant de récolter les fleurs avec de nombreuses machines.

Dans l’équipe B, un producteur du Mali ou du Burkina Faso qui, à côté de ses cultures vivrières, cultive un peu de coton avec des outils rudimentaires ou avec son âne et cueille à la main.

Autre exemple :

2/ Dans l’équipe A, les acheteurs des grandes multinationales vont de coopératives en coopératives pour faire « de bonnes affaires », c’est-à-dire payer le moins cher possible du café, du cacao, des oranges à jus ou autre.

Dans l’équipe B, des petits producteurs qui ne parlent pas de langues étrangères, qui ne connaissent pas les cours du marché, qui n’ont pas les moyens de vendre leurs produits dans des conditions justes.

Les associations de commerce équitable, les entreprises qui vendent ces produits sont comme les spectateurs finlandais dont nous parlions au début de cette chronique : ils savent que le commerce conventionnel n’est pas juste et ils veulent en changer les règles.
Et vous, qu’en pensez-vous ?

Pour Radio Espérance