Colloque Teilhard de Chardin

Je suis donc allée vendredi 19 novembre au début du colloque sur Teilhard de Chardin au Centre Sèvres à Paris. C’était spécialement intéressant pour l’atelier car le sujet était :

CONSTRUIRE UNE TERRE HABITABLE

Mr Claude Mandil, ancien directeur général de l’agence internationale de l’énergie : « énergie, environnement, développement : comment surmonter les contradictions ? ».

Faisant remarquer d’abord que les pays les plus mal lotis quant à leur attention à l’environnement sont les USA et la Chine : les deux pays où Teilhard a séjourné le plus à l’étranger, il insiste ensuite sur le fait que nos décisions d’aujourd’hui n’auront d’effet qu’au siècle prochain.

A la question de savoir s’il restera de l’énergie pour tous, l’orateur répond oui, mais au prix d’investissements tels qu’il y a incertitudes économique, politique, financière, réglementaire et sociale.

Sachant que les gaz à effet de serre (GES) sont dus au CO2 émis par le charbon, le gaz et le pétrole, le GIEC affirme que pour que le climat reste vivable les émissions doivent baisser à 13 en 2050 alors qu’elles sont à 25 maintenant. Et si on ne fait rien elles seront à 65 !

Analysant l’échec de Copenhague, il pense que :

  • l’Europe a voulu y être trop exemplaire ;
  • la Chine ne veut pas se soumettre à des accords internationaux ( alors qu’elle fait chez elle des efforts exemplaires) ;
  • les USA n’ont pas réussi à convaincre la population (qui ne veut pas reconnaître le problème).

En vue de Cancun prochainement, la solution équitable sera à trouver. Pour cela il faudra :

  • admettre que les pays en voie de développement n’ont pas d’efforts à faire (ils disent à juste titre que nous, pays développés, sommes responsables de l’état actuel)
  • être conscient que les pays producteurs d’énergie auront un manque à gagner si on consomme mpoins d’énergie et réclameront des indemnités.

Constatant que parler d’économies d’énergie cela fait doloriste, il vaut mieux parler d’efficacité énergétique.

Il est remarqué que dans les critères d’achat d’un ordinatur, sa dépense énergétique n’entre pas en compte (dans la salle bien pleine, un seul auditeur a dû le faire car il vit en camping car et c’était important). Pourtant cette économie ne le rend pas plus cher.

On constate aussi que beaucoup de propriétaires d’appartements loués ne font pas les travaux d’économie d’énergie (car ce n’est pas eux qui en bénéficieront, mais le locataire).

On peut espérer que les progrès scientifiques permettront des solutions d’avenir... mais il faudrait y investir de grosses sommes... et ce n’est pas le cas.
Pour le moment, aucun des essais de solution n’est probant, que ce soit les biocarburants, le photovoltaïque, l’hydrogène ou la fusion.
Et souvenons nous qu’1/4 de l’humanité n’a pas accès à l’énergie (1 milliard 600 millions d’hommes) !
Citant l’Apocalypse, il conclut que c’est à nous de préférer Jérusalem à Babylone.

Intervention de Michel Petit, climatologue, correspondant de l’Académie des Sciences :

Il insiste d’abord sur le long délai qu’il y aura entre la réduction des émissions de GES et le réel plafonnement du CO2.
Et aussi sur le fait que le GIEC est là pour informer, rendre compte des travaux, mais il ne porte pas de jugement et ne fait pas de recommandations. En dernier ressort, tous les Etats ont approuvé le rapport (qui avait été revu et corrigé plusieurs fois par les experts).

Puis, Hervé Bichat, agronome,

cherche à examiner comment Teilhard voyait le problème écologique.

Dès 1938 il a compris que la radio aurait un rôle extraordinaire et réalisé que les infos se bloqueraient par le fait de leur mondialisation.
Il n’a jamais parlé de la crise écologique car il croyait que l’évolution n’échouera pas et que, l’homme étant irremplaçable, il lui faisait confiance pour trouver des solutions.

L’auteur imagine 4 défis :

1) doubler la quantité de nourriture sur la planète

2) diviser par deux la consommation d’énergie

3) avoir des écosystèmes durables

4) réaliser l’importance considérable du cadre de vie.

Il préconise de provoquer une révolution agricole en pratiquant des cultures associées, organisant des transferts de continents (ex : l’Amérique latine a le sol et l’eau alors que la Chine explose). Il faut préconiser une solidarité mondiale et notre devoir sera de proposer un nouveau modèle de comportement, en donnant l’exemple.

En conclusion, la science propose mais chacun dispose et nous sommes tous responsables. Apprenons dès maintenant à nous passer des combustibles fossiles.... et nous continuerons néanmoins à bien vivre. Vivons sur le long terme et notre capacité sera d’autant plus grande que nous serons solidaires.