CVX et CCFD, témoignages...

A l’occasion de l’entrée de la CVX dans le CCFD- Terre solidaire, Elizabeth du Closel a interrogé quelques membres pour le journal du Comité. En voici un extrait paru sur leur site.

"Paris, le 18 avril 2012

La Communauté Vie chrétienne entre dans la collégialité du CCFD-Terre Solidaire. Mais qui connaît le rôle de cette communauté du réseau ignacien ? Et que va signifier pour elle ce nouvel engagement ?

« L’appel » du CCFD-Terre Solidaire à la Communauté Vie chrétienne (CVX) ne date pas d’aujourd’hui. Il y a quelques années, l’ONG de développement lui avait tendu la main l’incitant à rejoindre sa collégialité. Ce n’était pas encore, pour elle, le bon moment. Le CCFD-Terre Solidaire reprend contact en 2011. La réponse de la CVX sera alors positive. Les vieilles craintes ont été évacuées au profit d’un désir de participer à plus grand que soi. « Certes, cela nous bouscule, reconnaît Alain Jeunehomme, responsable national CVX. Il existe beaucoup de liens entre les actions de l’ONG et les principes inscrits dans nos textes fondateurs, comme les actions de justice, de solidarité, la dignité de l’homme. Il nous a donc semblé cohérent de nous engager, même si nous ne pourrons pas, dès le départ, être partout un relais du CCFD-Terre Solidaire. »
Mais pourquoi élargir une collégialité qui compte déjà vingt-huit membres ? « La mission du CCFD-Terre Solidaire nous est confiée par l’Eglise, commente son président Guy Aurenche. Elle doit donc être réfléchie en Église. Nous avons fait appel à différents mouvements cette année pour nous rejoindre. Non par « réflexe numérique ». L’objectif n’est pas de renforcer nos troupes. Mais il est bon de valoriser la collégialité en apportant de nouvelles forces vives. Nous voulons faire ce pari d’une Église ouverte, plurielle, non retranchée sur elle-même, engagée dans la cité et présente au monde. »

À la base, la Communauté de Vie chrétienne est une école de compagnonnage et de service à la suite du Christ. Les multiples communautés locales se réunissent au moins une fois par mois pour s’entraider, réfléchir et « reconnaître dans leur vie la présence de Dieu en toute chose ». Cécile Vacher y est entrée à vingt ans. Elle en a aujourd’hui quarante. Enseignante dans le Cantal, elle a toujours cherché un lieu d’engagement dans sa foi. « Je n’aurais jamais eu ce lien avec l’Église avec les seules propositions de la paroisse. À la CVX, il y a cette réflexion sur soi, et cette réflexion commune qui permettent de jeter un regard en profondeur sur ce que l’on vit et la manière dont on le vit. »

La CVX est-elle pour autant un mouvement prioritairement axé sur une recherche intérieure ? « La communauté n’a pas pour but initial l’engagement social, répond Alain Jeunehomme. Mais notre manière d’être, liée à la méthode ignacienne, nous permet de ne pas opposer « action » et « méditation ». Et des actions, la CVX en a. Les ateliers thématiques par exemple – L’accueil de l’étranger, L’écologie, La justice – qui permettent aux intéressés de se retrouver régulièrement au niveau national. Cécile Vacher fait partie de l’atelier Chrétiens coresponsables de la Création. Elle s’y est engagée au départ par simple citoyenneté, étonnée de découvrir le questionnement de l’Église sur le sujet. Les mois suivants, l’Éducation nationale lançait l’opération Devenir éco-école. L’enseignante voit là une véritable cohérence entre la réflexion en atelier et le travail avec ses jeunes élèves.

Autre engagement très concret : l’aide et le soutien aux étudiants étrangers, via le Cised (Centre d’initiative et de service aux étudiants de Saint-Denis), initié par les Jésuites. En 2000, ils ont fait appel à la CVX, aux sœurs auxiliatrices et à l’évêque de Saint-Denis, pour l’animer. On y vient pour des cours de soutien, un vrai programme de FLE (Apprendre le français en France), pour se rencontrer, pour se détendre. Au début, c’était là l’essentiel. Deux psychologues, des bénévoles accompagnants les jeunes dans leurs démarches administratives. On y organise également des activités culturelles, et les fêtes sont prétextes à se retrouver. « Notre présence à l’université de Saint-Denis est reconnue et acceptée par la majorité des personnels, assure Bruno Sterlin, membre de la CVX et président du Cised. Notre petite maison, face à l’université, voit passer entre trois cents et quatre cents étudiants par an. Pratiquement tous des étrangers. » Un mélange de cultures et de traditions qui permet à chacun de découvrir que l’on peut se parler et vivre ensemble au-delà de toutes les différences.

Élisabeth du Closel pour FDM Avril 2012 "